Repéré durant sur la scène découvertes du festival Esperanzah! durant l’été 2014, c’est aujourd’hui au Botanique, en première partie du groupe Brothers & Bones qu’In Lakesh se produit. Une étape quasi obligatoire pour le jeune groupe Indie-Folk qui, cette saison, s’est tranquillement enfilé les dates et les récompenses (la dernière en date : la victoire au Concours Verdur Rock, bien connu pour filer un coup de pied au cul des prochaines têtes d’affiche de la scène belge).
Le rendez-vous est fixé à la rotonde et les cinq beaux gosses ont quarante minutes pour se mettre le public bruxellois en poche. Alors qu’on s’attend toujours dans ce genre de situation à un marathon de titres, à un super concentré de jus d’album, à des artistes pantelants sur scène, les lakeshiens font un autre pari : celui de la formule on va y aller mollo mollo et crescendo.
C’est donc slowly slowly que Bruno (guitare), Fabien (chant et guitare), Bertrand (clavier/basse), Sébastien (guitare/basse) et Antoine (batterie) montent sur la scène et s’en emparent. Sans doute y-a-t-il encore un peu de timidité la dessous, mais qu’importe puisque l’univers dans lequel nous emmène la voix suave et moelleuse de Fabien s’y prête bien.
Le chanteur plonge d’ailleurs seul, sans annonce (et sans filet !) sur le morceau Albatros. Il est rejoint en cours de notes par ses quatre comparses en chœur. Et on comprend vite l’intérêt des chœurs, car si la voix de Fabien a du caractère, le chœur lui donne corps et consistance.
Le deuxième morceau Babel of Voices est introduit par un petit conte ou l’histoire d’un enfant qui contemple l’immensité du monde. Les mieux informés auront compris qu’ils font ainsi référence à leur E.P. (trois E.P., dont un, Albatros, sorti en 2014, qui évoque l’enfance) et les autres apprécieront la délicatesse des mots choisis, suspectant tout de même une entourloupe pausée pour changer les instruments et les réajuster.
Au fil des morceaux (Akarl, Orshaler, Mihunca, et Dead Animals), les 5 bonhommes multi-instrumentistes changent de casquette, amplifient leur présence sur scène et s’autorisent même quelques allées-et-venues, un peu maladroite mais salutaire, entre l’univers Indie-Folk introspectif qu’ils ont installé depuis le départ et le public. Ils montent ainsi crescendo, choisissant des morceaux plus énergiques et punchy où les percussions et le clavier prennent plus de place sans toutefois déforcer la mélodie et le chant, véritablement au centre des compositions.
A l’instar d’autres groupes belges comme Dan San, en un peu moins prévisible, In lakesh voyage dans les méandres de l’âme et dans les influences hybrides (tantôt on croit apercevoir les plaines de l’Andalousie, tantôt un ranch perdu dans un désert texan) et laisse, après son passage, comme une brume ou des couleurs de rêves s’effaçant au lever du jour.
Une tribus à suivre certainement dans les prochains festivals de l’été.