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    In H-Moll au Théâtre des Martyrs

    Conception et mise en scène d’Ingrid von Wantoch Rekowski. Avec Pascal Crochet, Daphné D’Heur, Isabelle Dumont, Bernard Eylenbosch, Hélène Gailly, Dirk Laplasse, Pietro Pizzuti, Annette Sachs, Candy Saulnier, Luc Shillinger. Du 18 au 22 décembre 2018 au Théâtre des Martyrs. Crédit photo : Eric Legrand

    La messe en si mineur (In H-Moll) est une œuvre composite, compilation de divers travaux antérieurs de Bach dans le but d’en faire une réécriture, une parodie, dans son sens premier ; texte composé pour être chanté sur une musique connue, c’est une liturgie catholique.

    Dans In H-Moll, cette dimension religieuse s’exprime à travers la messe elle-même mais aussi à travers la dévotion de chaque acteur à la chanter. De leurs voix humaines, ils cherchent à frôler le divin hélas, l’attraction terrestre fait son œuvre. Elle tire vers le bas les corps, elle les rend instables, gauches. Puis il y a la vie humaine avec ses rires, ses joies, ses petites blessures quotidiennes qui les tient encore un plus ancré au sol.

    In H-Moll est une pièce qui est susceptible de se vivre en plusieurs étapes selon la sensibilité de chacun, évidemment. D’abord l’étonnement et le questionnement. Que se passe-t-il ? Qui sont ces gens ? On s’interroge sur l’histoire à venir, on observe la mise en place lente des personnages, on détaille un peu les costumes. Puis la moquerie. Parce qu’on ne comprend toujours rien, qu’on ne sait pas pourquoi les personnages chantent, parce qu’on ne saisit pas le sens de ces gesticulations et de ces mouvements de corps à la fois confus et précis. Puis le rejet. L’œuvre n’a pas envie de nous prendre, on dirait, alors laissons-là où elle est. Et enfin, ce je-ne-sais-quoi de fantastique se produit, l’œuvre devient plus grande que nos incompréhensions et nos yeux s’ouvrent grands.

    Les acteurs semblent se contenir dans un tableau baroque, ils se fondent l’un et l’autre dans des teintes beige et blanc cassé, ils déambulent curieusement et nous expriment  la volonté de s’extraire de cette image fixe sans y parvenir vraiment. Nous assistons à ces vaines et molles tentatives avec plaisir et tendresse car les situations nous sont familières ; un enterrement, une fête, une rencontre amoureuse, etc., créant un glissement perpétuel entre la joie et la tristesse.

    Quant à la musique, elle va nous chercher là où le jeu peut nous dérouter, faisant surgir des émotions vives, hors de la raison et de la compréhension de ce que l’on voit. Le mélange est parfait, symbiose entre le son et le visuel, entre le jeu et le chant. In H-Moll est un objet d’art transversal tout à fait grisant car il interroge au premier abord avant de nous embarquer dans son univers divinement humain.

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