De Muriel Robin et Pierre Palmade, mise en scène de David Michels, avec Maria del Rio et Pierre Pigeolet. Du 13 mars au 7 avril 2019 au Théâtre Royal des Galeries. Crédit photo : Isabelle De Beir
Après Ils s’aiment, créé en 1996 et avant Ils se re-aiment en 2012, Pierre Palmade et Michelle Laroque avaient joué Ils se sont aimés – peut-être le plus connu et le plus emblématique des trois opus coécrits par Palmade et Muriel Robin – en 2001. Ce n’est pas un hasard si le Théâtre des Galeries a jeté son dévolu sur cette pièce-là plutôt que sur l’une des deux autres tant, à la vision de celle-ci, l’on se rend compte que certains des sketchs et des répliques qu’elle charrie sont entrés dans une espèce d’inconscient collectif et passif du téléspectateur lambda, abreuvé de multiples rediffusions et d’extraits bradés dans les bêtisiers et autres Enfants de la télé.
Le corps du texte et de la pièce est assez simple, il s’agit d’une succession de tableaux joués par deux comédiens sur le mode du one man show à sketches, qui était à l’époque le terrain de jeu privilégié de Palmade et Robin. Fonctionnant donc sur une mécanique proche de celle du café-théâtre et convoquant une certaine franchouillardise assumée, Ils se sont aimés table sur un humour se voulant intemporel et dans lequel serait susceptible de se reconnaître le plus grand nombre de spectateurs ou, à tout le moins, ce qui représentait à l’époque de sa création le cœur de cible de spectacles comiques parisiens, à savoir les couples hétéros d’âge moyen à la situation plutôt aisée.
Ce qui frappe le plus dans ce texte comique, c’est de constater que, dix-huit ans plus tard, ce qui se voulait hors d’une époque déterminée, l’est quand même beaucoup. Écrit au début des années 2000, Ils se sont aimés semble encore très ancré dans les années 90, que ce soit concernant le contexte de vie ou les références socio-culturelles évoquées. Il est d’ailleurs assez étonnant que certains passages du texte n’aient pas été un minimum retravaillés afin de mieux s’ancrer dans un contexte actuel, étant donné que l’action a été clairement déplacée dans les années 2010 – les personnages évoquent 2011 comme étant l’année de leur rencontre.
L’adaptation dans cette nouvelle mise en scène est en cela d’ailleurs assez maigre, puisqu’elle n’opère aucune relecture ou revisite, simplement une mise au goût du jour assez basique et superficielle, préférant s’appuyer sur la réputation efficace du texte et sur la complicité des deux comédiens qui reprennent ici les rôles de Palmade et Laroque. Maria del Rio et Pierre Pigeolet, en l’occurrence, prennent manifestement beaucoup de plaisir à jouer ensemble mais celui de les voir sur scène se résume plus ou moins à la conscience de cette complicité palpable. Tandis que Maria del Rio a manifestement fait le choix de reprendre un style de jeu et des postures semblables à celles de Michelle Laroque, Pierre Pigeolet s’est quant à lui démarqué de son modèle et a opté pour un abattage très premier degré.
C’est précisément au premier degré le plus complet qu’il faut apprécier cette pièce du bon mot et de l’efficacité primaire, comme une sorte de revival comique, de « greatest hits » rejoué dans l’unique but de faire plaisir à un public d’habitués à ce type d’humour qui ne tache pas trop.