I am Wrath
de Chuck Russell
Action, Thriller
Avec John Travolta, Amanda Schull, Christopher Meloni
Sorti le 11 mai 2016
Un film de justice expéditive avec John Travolta, par le réalisateur de L’effaceur (et accessoirement de The Mask), cela sonne un peu comme Noël avant l’heure. Sachant que nous sommes en mai, il eut été de bon ton de se méfier.
Avant de commencer cette chronique, je propose d’avoir une pensée chaleureuse pour tous les braves qui exercent un métier de plus en plus difficile, à savoir les malfrats de cinéma. Cela me semble justifié, vu que ces derniers temps, les pauvres ne peuvent plus kidnapper ou assassiner qui que ce soit sans que la victime se révèle être proche d’un ancien agent secret ou d’un ex-membre des forces spéciales. Bien que le phénomène ne soit pas nouveau, il connait un regain de popularité depuis le succès de Taken. Dans ces conditions, comment travailler pleinement et sans crainte ? Il faudrait peut-être commencer par vérifier les antécédents des membres de la famille des personnes à qui l’on compte s’en prendre.
C’est ce qu’aurait sans doute du faire Charlie avant de tuer la femme de Stanley, car ce dernier se trouve être un ancien militaire. Aidé de son acolyte (amusant Christopher Meloni), il s’en va donc réclamer justice les armes à la main. Et il faut reconnaître que nos deux compères s’y connaissent encore plutôt bien niveau castagne. Au point d’enlever tout suspense et substance dramatique.
Le film de Chuck Russell présente quelques similitudes avec Death sentence (James Wan, 2007), à savoir la présence d’un gang pluri-ethnique et une construction autour de la vengeance qui appelle la vengeance. Or, dans ce dernier, le héros s’expose en permanence à une menace de plus en plus brutale, voyant chacun de ses actes avoir des répercussions de plus en plus dangereuses, ce qui permet de rendre chaque nouvelle scène plus viscérale que la précédente. Ici, le héros s’en sort plutôt facilement dès le début, et l’on sent assez rapidement qu’il sera très difficile à battre. Faute d’une menace vraiment présente, l’essentiel du film consiste donc à regarder John Travolta se venger sans pression, flinguant à tour de bras gangsters et hommes de mains pour finalement remonter la filière du crime jusqu’à des cimes insoupçonnées. Enfin pas si insoupçonnées que ça pour le spectateur, qui aura sans doute deviné ce qu’il en est réellement dès les 5 premières minutes.
Peu aidé par une intrigue qui hésite à verser dans le buddy movie pour finalement suivre un chemin tout autant balisé, le film manque de fond. N’attendez donc pas d’I am Wrath un quelconque regard sur la justice extrajudiciaire ou sur les aléas d’une vendetta personnelle, le film se contentant des poncifs du genre sans aucun réel apport. À cela vient s’ajouter un manque de nuance flagrant. Dommage, car la plupart du casting parvient à sonner assez juste, et qu’une certaine tentative de s’écarter d’une teinte trop uniforme peut se trouver dans l’un des seconds rôles, à savoir celui d’un policier qui se révèle légèrement moins archétypal que les autres personnages, et qui aurait pu se révéler intéressant s’il avait été plus fouillé.
On l’aura compris, le scénario n’est pas le point fort de I am Wrath. Mais qu’en est-il des scènes d’action ? Si les fusillades ne sont pas trop mal filmées – l’une d’elle, dans un night club, est même plutôt bien chorégraphiée – il faut cependant reconnaître qu’elles manquent d’impact, mais surtout de l’ampleur nécessaire pour contrebalancer l’intrigue principale. Ce qui ne fait que souligner un peu plus le défaut majeur du long-métrage, à savoir son manque total d’ambition, qui lui confère des atours de DTV de luxe. Au rayon des direct-to-video, on sera d’ailleurs en droit de lui préférer Skin trade (Ekachai Uekrongtham, 2014), qui, s’il ne révolutionne rien non plus, se révèle bien plus rythmé, et autrement plus agressif.