Scénario : Manuele Fior
Dessin : Manuele Fior
Éditeur : Dargaud
Sortie : 25 novembre 2022
Genre : Roman graphique
Teresa débarque à Berlin, avec une valise et un grand sac comme seuls bagages. Jeune archéologue et grosse bosseuse, quittant l’Italie pour s’installer loin de chez elle, elle a accepté le poste d’assistante de l’exposition Toutânkhamon. Arrivée dans la capitale allemande, elle va se réfugier, durant ses nuits d’insomnie, dans l’ouvrage d’Howard Carter, le découvreur de la tombe, alors que le Berlin moderne s’ouvre à elle en la personne de Ruben, artiste italien qui vivote dans le « No future » du moment.
Un Berlin entre passé, présent et futur
Manuele Fior nous met dans les bottes d’une héroïne, Teresa, dont les grand yeux cernés nous rattachent à son manque de sommeil, elle qui doute sur ses choix de vie privés et professionnels. On ressent sa désorientation géographique, dans ce nouveau Berlin mêlant passé, présent et
futur, lignes droites des nouveaux quartiers en construction, immeubles pré-communistes et squats. Quand elle rencontre Ruben, et commence à s’y attacher, les interrogations d’une intellectuelle à la voie toute tracée, au contact d’un jeune garçon virevoltant au gré de l’argent
de papa, se reflètent dans ses changements d’humeur.
Hypericon nous transporte régulièrement en 1922, en cette année où les pérégrinations archéologiques d’un groupe de quelques hommes se transformèrent en première page de l’actualité mondiale. Teresa se plonge dans le récit initiateur d’une découverte majeure dont les
influences sont toujours prégnantes sur sa vie à elle. Interrogeant les époques, elle tente d’explique à Ruben la conception unique des Égyptiens, pour qui le futur était conceptualisé comme à l’arrière, non visible, tandis que le passé, dont ils savaient déjà tout, était devant eux.
Tandis que cette plante jaune, l’Hypericum aegypticum, également connue comme le millepertuis, relie le monde et les différentes timelines, le tombeau, l’insomnie et les deux amants, la couleur chaude parsème également la superbe bande dessinée de Manuele Fior. Hypericon se transforme alors en réflexion sur le temps qui passe et tourne en boucle, tandis que l’auteur nous oblige à revenir sur nos pas. Les éléments majeurs de l’histoire humaine bouleversent nos vies intimes et professionnelles, dans le passé, le présent et le futur, dans un monde où plus rien n’est fixe, stable mais en transformations continuelles, tandis que les corps amoureux continuent à se respirer l’un l’autre et à se prendre en bouche.