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    Hurricane, quand Twister rencontre Piège de cristal le jour d’après

    Hurricane

    de Rob Cohen

    Action

    Avec Toby Kebbell, Maggie Grace, Ryan Kwanten

    Sorti le 7 mars 2018

    Profitant du plus gros ouragan ayant jamais touché les États-Unis, une équipe de braqueurs d’élite infiltre la plus grande réserve de billets des États-Unis. Leur objectif : un braquage exceptionnel de 600 millions de dollars. Dans la ville désertée, Casey, une des convoyeuses de fond, et Will, un météorologiste de génie, vont devoir unir leurs forces en utilisant les connaissances de Will pour survivre au milieu de cette « tempête du siècle » et empêcher ces voleurs impitoyables de parvenir à leurs fins.

    Il est des films que l’on va voir sans conviction car, au vue du pédigrée de son auteur, on sait plus ou moins à quoi s’attendre : un scénario simple, bancal et très américain ; une mise en scène musclée, virile et très américaine et enfin une morale de missel, bigote et donc… très américaine. Bref, on est quasiment sûr de tomber sur un film utilisant cette recette de base. Avec Hurricane, on peut dire que l’on est pas déçu. Non seulement, Rob Cohen réunit tous ces éléments mais en plus, il les applique à la lettre.

    (NDLR : Attention, si vous voulez garder le suspens n’allez pas plus loin, la chute risque d’être lourde).

    Tout commence avec cette terrible tempête de 1992, Andrew. Deux frères voient leur père mourir sous leurs yeux. Je vous passe la fameuse scène du « c’est ta faute » et le gimmick pathétique de la tactique de football – que l’on va bien sûr retrouver lors du dénouement (vous savez quand les deux frères doivent vaincre les méchants et qu’ils utilisent la fameuse tactique) – pas du tout téléphoné. On enchaîne avec un panneau « quelque part de nos jours » si cher à Roland Emmerich. C’est là que l’on devine que l’un des frères est devenu un génie spécialiste des ouragans incompris par sa hiérarchie. Si on enlève le fait que Will (Toby Kebbell) a le charisme d’une huître d’élevage, on se doute que sa connaissance des ouragans (et aussi sa grosse voiture bien technologique) va être très précieuse pour la suite de l’histoire.

    Son frère Breeze (Ryan Kwanten) est un américain moyen, ancien quater back de l’équipe locale, garagiste alcoolique qui a fait l’armée (obligé) et qui a tout un arsenal dans un placard (obligé aussi, on ne sait jamais si des criminels venaient voler 600 millions de dollars dans ce trou paumé, il faut être prêt !).

    Le méchant est très méchant (même si il essaye un peu d’épargner les gens au début). D’ailleurs, Rob Cohen est allé nous chercher un Alan Rickman (le méchant de Piège de cristal) de seconde zone. On a même « les-geeks-hackers-de-génie » et le « shérif-moustachu-et-corrompu ». Je vous passe la litanie écolo de comptoir sur le réchauffement climatique et les otages enfermés (sans surveillance) dans une pièce. En définitive, vous l’aurez compris, nous sommes en présence d’un scénario hybride issue des amours sacrilèges entre Twister, Le Jour d’Après et Piège de cristal.

    Enfin, que dire du rôle de Casey (Maggie Grace), une fliquette sans peur et sans reproche qui culpabilise (normal) parce qu’elle a fait une faute qui a coûté la vie à quelqu’un qu’elle aimait (mon dieu ! comme Will !) et elle va aller jusqu’au sacrifice pour racheter son honneur. Pas de machisme… elle est aussi bien qu’un homme : elle a des idées et sait même se servir d’un pistolet.

    Sinon, on rit beaucoup pendant les scènes d’action et les invraisemblances nous permettent de rester éveillés le temps du film. Il y a notamment cette scène délectable où les voitures volent tellement le vent est fort mais heureusement, droits dans leur bottes, les héros les évitent habilement, n’étant miraculeusement pas affectés par la tempête (sans doute l’aérodynamie de leur corps parfaits). Un peu plus tôt, lorsqu’ils s’agissait de mettre une antenne-relais hors de service, le génie et sa (future) compagne décident, en pleine tempête, de la tracter avec le treuil de leur méga « meteorologic car » (qui au passage s’appelle « survivor »), alors qu’un enfant de 4 ans aurait débranché le fil d’alimentation (enlever la prise quoi). Enfin, la scène finale est l’apogée de ces scènes écrites avec le cerveau reptilien d’un fumeur de crack en manque… mais ménageons le suspens.

     S’il est vrai que Hurricane ne nous surprend pas, on peut dire que c’est un film de fond de cuve cinématographique, tant il atteint des sommets dans l’art de réchauffer et de mixer de vieux scénarii pour en faire une soupe informe et indigeste. A défaut de nous distraire, il prouve que même une idée trouvée un soir de beuverie après la première de Fast and Furious 12  peut être produite du moment qu’elle suit les règles du cinéma d’action américain et qu’elle n’est pas (trop) subversive. Évitons donc d’encourager la production de tels films et revoyons plutôt ceux qui ont inspirés ce produit cinématographique lyophilisé : Piège de cristal de John McTiernan, Twister de Jan de Bont et Le Jour d’Après de Roland Emmerich (bien que l’on puisse éviter ce dernier).

    Bruno Pons
    Bruno Pons
    Journaliste du Suricate Magazine

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