Scénario : Jean-Luc Fromental, José-Louis Bocquet
Dessin : Antoine Aubin
Éditeur : Dargaud
Sortie : 25 novembre 2022
Genre : Aventure
Depuis la disparition d’Edgar P. Jacobs, de nombreux auteurs se sont employés, avec plus ou moins de succès, à poursuivre l’œuvre de celui-ci en gardant une cohérence temporelle – des aventures qui se déroulent des années 40 aux années 60 – et de genre – de l’espionnage mâtiné d’une légère dose de fantastique. Avec le trio formé par Jean-Luc Fromental, José-Louis Bocquet et Antoine Aubin, on reste dans le même état d’esprit, même si le scénario de Huit heures à Berlin puise une part de son intrigue dans l’actualité de cette époque.
Savant fou et illusions
Printemps 1963. Dans l’Oural, au cœur de l’Empire soviétique, une mission archéologique découvre sept cercueils. À l’intérieur, des cadavres dont la peau du visage a été arrachée. Au même moment, à Berlin, un homme se fait tirer dessus alors qu’il franchit le Mur coupant la ville en deux. Avant de succomber, il réussit à prononcer un mot étrange : Doppelgänger. A priori, aucun rapport entre ces deux événements. Mais en réalité, il existe bien un lien entre la macabre découverte et le transfuge abattu. Ce lien porte un nom : Julius Kranz, un chirurgien est-allemand spécialiste des manipulations électro-chirurgicales sur le cerveau humain.
Que l’on pense à La Marque Jaune ou à L’onde Septimus, le fantastique a toujours été présent dans les aventures de Blake et Mortimer. Et si parfois la greffe a été rejetée, ce n’est pas le cas ici, les deux scénaristes ne s’éloignant de la réalité que pour nous fournir une version modifiée mais plausible de celle-ci. On se plonge d’autant plus facilement dans cette nouvelle aventure qu’un grand soin a été apporté au traitement graphique du récit, les environnements étant détaillés et factuellement corrects et le style graphique des œuvres originales ayant été conservé.
Découvrir un nouvel album de Blake et Mortimer, c’est apprécier les petites touches d’innovation dans un univers extrêmement classique et codifié. Loin de tourner en rond, les scénaristes nous donnent très souvent l’impression de découvrir une nouvelle facette des personnages, et Huit heures à Berlin, en ce sens, ne déroge pas à la règle.