Work in progress de Esther Gerritsen, mise en scène collective de Morgane Choupay, David Chazam et Val Macé
Les 12 et 13 décembre 2014 au Théâtre de Poche
Dans le cadre du Furious Festival, jusqu’au 30 décembre
Dans le cadre du Furious Festival se déroulant au Théâtre de Poche jusqu’au 30 décembre, le spectacle Housewife vous propose d’explorer le thème de la femme au foyer ou comment la quête d’un idéal culturel peut conduire à la servitude au ménage. A travers les yeux de la comédienne dont tous les attributs rappellent la maîtresse de maison soignée des années cinquante, on découvre le quotidien anecdotique d’une femme ayant atteint une perfection destructrice. La protagoniste nous raconte, dans sa cuisine, comme le temps est long, comme il se nuance de peu de choses, comme il est fait d’attente. Le récit reprend la frustration masquée de celle qui a fait un choix mais le regrette et se rattache non sans désespoir au peu de consistance que sa vie lui offre : la valse des tâches et des corvées, sa collection électro-ménagère, les visites impromptues que l’on détourne par désespoir. Et ce mari qu’on n’évoque qu’à demi-mots et qui vit sa vie, sans elle : le suicide lent et douloureux de la femme dévouée qui n’existe qu’à travers l’autre et que l’ennui foudroie.
Pour cette création, six des neufs tableaux finaux sont repris sur scène. Le résultat final est une réussite certaine, un seul en scène fort et juste, marqué par un jeu incarné et bien dosé. La mise en scène est, elle aussi, pertinente bien que simple et sans prise de risque. Néanmoins, le texte suffit à la force et certains détails participent, simplement, au tout. Il y a, dans ce spectacle, quelque chose de la scène alternative new-yorkaise : un soupçon de surréalisme qui vous plonge dans l’ambiance feutrée des petites salles mais dans le bon sens. Les aménagements sonores sont efficaces et le traitement de l’espace, original. Enfin, la performance de la comédienne est propre, maîtrisée ; elle nous transporte. Et c’est après tout l’essentiel.