Hors-Saison
de Stéphane Brizé
Comédie dramatique
Avec Guillaume Canet, Alba Rohrwacher, Sharif Andoura
Sortie en salles le 27 mars 2023
Les jeunes vont-ils en thalasso ? Bonne question à laquelle cette cure thermale hors-saison ne répond pas, mais qui m’est apparue en cours de visionnage, tant le film semble venir d’un autre âge. Le projet de Stéphane Brizé, réalisateur de Mademoiselle Chambon et de La Loi du marché, est pourtant limpide : interroger le sentiment de désillusion qui habite Mathieu, acteur français en crise venu se ressourcer dans un établissement breton, par l’entremise de retrouvailles avec Alice, ancienne compagne ayant laissé dans son cœur une blessure lors de leur séparation quinze ans plus tôt. L’exploration de sentiments universels donc, malheureusement noyée par une écriture laborieuse et une mise en scène pompière donnant au film une patine franchement désuète.
Envisagé comme un répit après des films qui prenaient à bras le corps des questions sociales, ce projet est pour le cinéaste l’occasion de se projeter dans le personnage interprété par Guillaume Canet et de méditer sur cet étrange métier qu’est le cinéma, si futile mais essentiel. Les conversations entre Mathieu et Alice, partie conséquente du récit, en sont le reflet teinté d’amertume et de mélancolie – lourdement souligné par une musique emphatique omniprésente. Fort heureusement pour eux, le scénario, qui enfile les clichés comme des perles sur un collier, s’occupera de les réunir à nouveau pour une dernière parenthèse enchantée hors des turpitudes de l’existence et les guérir ainsi de leur chagrin.
Dans ce programme vu et revu cent fois, il n’est pas anodin que la seule émotion sincère suscitée par le film vienne du témoignage de Lucette, une pensionnaire de maison de retraite dont s’occupe Alice, interprétée par une actrice inexpérimentée. Face à la jeune femme, elle se livre sur une vie passée bon an mal an dans un mariage sans éclat, avant d’assumer son homosexualité et découvrir l’amour vrai dans les bras de Georgette. Filmée en une prise, sans coupes, sans musique, à l’aide du smartphone d’Alice, la confidence simple et directe touche juste et éteint du même coup les babillages poussiéreux que Guillaume Canet et la géniale Alba Rohrwacher s’acharnent tant bien que mal à délivrer deux heures durant.