Rencontre avec l’artiste HMI, à l’occasion de l’exposition célébrant la sortie de son album L’araignée au plafond – 1ère du non.
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Vous avez commencé dans le graffiti. Comment s’est faite la transition vers le dessin ?
On peut dire que j’ai commencé par ça, et je ne l’ai jamais abandonné. J’ai toujours dessiné, même bien avant le graff. Ce qui m’a attiré dans ce domaine, c’est qu’il permet d’exprimer ses idées tout en ayant une identité plus diffuse.
Cette envie d’expression est-elle à l’origine de vos dessins de presse ?
Oui, entre autres. Je peins aussi des toiles, et, en général, elles comportent toujours du fond. Il faut que l’œuvre puisse faire passer un message. Avec le temps, je me suis mis à la caricature, mais sans savoir que je pourrais en tirer un album.
Comment est né le projet ?
Il y a 5 ans, j’ai commencé à envoyer des dessins en rapport avec l’actualité, sur le net et les réseaux sociaux. C’était à la fois un exercice de style et un petit défi que je me lançais. Il fallait canaliser l’info, puis la filtrer pour en faire un dessin. Au fil du temps, j’ai eu l’envie de créer un personnage qui reviendrait. Vu que l’on utilise souvent le terme « toile » pour parler d’internet et que le monde devient de plus en plus absurde, l’expression « avoir une araignée au plafond » me parlait. D’où la création de l’araignée.
Cette dernière ouvre l’album, avec la définition du mot « phobie ». Pourquoi ?
Déjà, la phobie des araignées est l’une des plus répandues et commune à travers le monde. Ensuite, à un autre niveau, on entre tous dans une espèce de phobie. On a peur de tout. Peur de parler, peur de la revendication, peur de l’autre… Ces peurs s’installent. Certaines sont justifiées, mais il y en a pas mal qui ne le sont pas.
L’album couvre une large palette de sujets. Comment les choisissez-vous ?
Sans faire le philosophe, je dirais que c’est le sujet qui me choisit, et pas l’inverse. Certaines informations sont récurrentes et s’imposent d’elles-mêmes, tandis que, parfois, c’est ma propre vision du monde qui me pousse à exorciser une idée, une pensée, à travers le dessin.
Cela se retrouve notamment par des illustrations à l’humour assez noir. Vous imposez-vous des limites ?
Oui, mais j’essaye en même temps d’en dépasser certaines. J’ai ma philosophie de vie et des principes. En y réfléchissant, je trouve qu’il est beaucoup plus difficile d’exprimer quelque chose en s’imposant des limites. D’où le défi. Il ne s’agit pas d’auto-censure, c’est juste que je dois mesurer les conséquences, l’importance de l’acte.
Il y a également des sujets beaucoup plus légers. Comment s’est fait l’équilibre de l’album ?
C’est un travail d’équipe. Mon collectif m’entoure, et depuis quelques temps, j’ai également pu observer quelles images avaient le plus d’impact. Polux, alias Gaël, a œuvré sur le graphisme et la mise en page de la BD en général, donc nous nous concertions souvent sur le choix des dessins. Il faut dire qu’il y en avait un nombre considérable, et que c’est un travail que je ne pouvais vraiment pas assumer seul, par défaut d’objectivité sur ce que je souhaitais garder ou non.
Il y a également de nombreux hommages à des personnes disparues…
C’est important. J’avais réellement envie de le faire. Il y en a tant, que là aussi, j’ai du faire un choix. Il faudrait peut-être un album rien que pour eux. Ces hommages rentrent également dans l’actualité. Certains d’entre eux ont été réalisés le jour de l’annonce de la disparition de ces personnalités, tandis que d’autres ont été faits en la mémoire d’artistes que j’apprécie.
Pouvez-vous nous parler du projet BD hip hop news ?
C’est un album téléchargeable, sur le même principe que celui que l’on vient de réaliser, sauf qu’il se focalise sur l’actualité locale et internationale du hip hop, qui est un monde très vaste, avec les graffeurs, les danseurs, les beatmakers… On leur fera un petit clin d’œil, si c’est possible. On retrouve aussi beaucoup de rappeurs, car le texte est également très important dans ma démarche et dans mes dessins.