Pour la quatrième année consécutive, Hip Hop International va recevoir une « crew » de danseurs belges dans la ville de toutes les extravagances, Las Vegas.
Pour désigner ceux qui feront partie de cette délégation talentueuse, des éliminatoires seront organisés le 20 avril prochain au Viage, à Bruxelles. L’occasion unique d’apercevoir les talents de demain mais aussi de passer un moment intense autour de l’univers du hip-hop.
Rencontre avec les organisateurs de cette compétition aux enjeux pharaoniques pour en comprendre un peu mieux les tenants et les aboutissants.
Hip Hop International est, comme son nom l’indique, une compétition réunissant plusieurs pays à Las Vegas une fois par an. Y’a-t-il dès lors des équipes venant de tous les pays du monde ?
Il y en a beaucoup. L’Australie, les Philippines, la Nouvelle-Zélande, le Japon, la Russie, l’Israël, le Brésil,… ont déjà tous participé voire remporté cette compétition. Cela dit, il y a énormément de groupes américains et canadiens puisqu’ils sont sur place.
Mais il est certain que les pays pauvres sont très absents. Ce sont d’ailleurs des pays où il n’y a pas de culture hip hop à proprement parlé.
Depuis combien d’années existe cette compétition ? Et depuis combien de temps la Belgique y participe-t-elle ?
Ce concours a été créé en 2002. Cela dit, la Belgique est arrivée un peu plus tard. La première sélection belge a eu lieu au théâtre du Vaudeville en 2011.
Comment se déroulent ces éliminatoires internationaux ?
À la manière des jeux olympiques, chaque pays envoie ses groupes qui s’affrontent lors d’une ultime compétition qui se déroule sur 5 à 6 jours. 3000 danseurs sont présents, ce qui est tout de même conséquent.
Pour les sélections belges, qui auront lieu au Viage, tout le monde peut s’inscrire si je comprends bien ?
Exactement. En fait, il y a trois groupes : enfants, adolescents et adultes. Ce sont des groupes de 5 à 8 personnes.
Maintenant, il existe des Megacrews présents à Las Vegas mais nous n’en prenons pas en Belgique. Des équipes de la sorte vont de 8 à 70 personnes. Pour un groupe de cette taille, il faut avoir toute une infrastructure et une scène capable de l’accueillir.
Il faut savoir que chaque pays choisit sa manière de fonctionner. Certains, comme le Danemark, octroient une prime. De notre côté, nous avons décidé de payer intégralement le billet d’avion aux vainqueurs de la catégorie « adulte ». C’est déjà un budget conséquent.
Qui composera le jury qui choisira le candidat belge cette année ?
Il y a Marco Huysseune qui est directeur de Hip Hop International Danemark. C’est un belge parti il y a une dizaine d’années au Danemark pour y ouvrir son école de danse.
Nous avons également fait appel à Mike Alvarez qui est un danseur flamand mais aussi à Gerrit Wellens, un homme qui avait fait le buzz à Belgium’s Got Talent. C’est un homme que nous connaissions déjà mais que nous avons redécouvert quelques années plus tard.
Nous avons aussi pris Chucky qui est un b-boy, ou breaker, bruxellois. Son équipe a gagné beaucoup de compétitions si bien qu’il est aujourd’hui juré international.
Enfin, il y aura Zach Swagga qui est un danseur ayant créé son propre label.
Que jugeront-ils chez les futurs candidats ?
Ils jugeront sur plusieurs points. Tout d’abord la mise en scène, puis la danse, mais aussi sur l’expression scénique et l’originalité.
Cette sélection est avant tout un show, c’est pourquoi Junbox (gagnant de Belgium’s Got Talent) viendra danser lui aussi…
Tout à fait. Junbox sera là, comme d’autres artistes, en guest. C’est un artiste qui vient de la culture hip-hop.
Au passage, il faut souligner que le mot hip-hop n’est pas péjoratif comme certaines personnes pourraient le croire. Ce n’est pas du rap de banlieue fait par des racailles. C’est bien plus que cela ! Aujourd’hui, la majorité des jeunes que nous pouvons admirer sont issus de toutes les classes sociales et proviennent souvent d’écoles de danse classique.
Justement, le concours demande aux participants de respecter les valeurs du hip-hop. Pour les profanes, quelles sont ces valeurs ?
Les valeurs du hip-hop sont peace, love and unity. Cette culture a été créée avant tout pour fédérer les gens. Au lieu de se taper dessus, les personnes allaient se défier sur le terrain de la danse.
C’est pour cette raison que le hip-hop connait un tel succès. De nos jours, il suffit d’allumer MTV pour se rendre compte que tous les clips montrent de la danse hip-hop.
Maintenant, comme dit précédemment, le hip-hop est une culture à part entière. Elle englobe aussi les grapheurs.
Vous l’avez dit, la danse hip-hop est assez large, celle-ci allant du break dance à des danses plus chorégraphiées. Une occasion de voir plusieurs styles très différents les uns des autres ?
Oui, il y aura différents styles de hip-hop. Le break dance est évidemment le plus impressionnant visuellement. Néanmoins, la chorégraphie est très à la mode pour l’instant.
Puis, il existe aussi d’innombrables mélanges. Il n’est plus étonnant de voir des groupes mélangeant des techniques shaolin avec du hip-hop. Nous avons eu de très belles surprises de ce genre les éditions précédentes et nul doute qu’il y en aura encore cette année. Les enfants sont parfois même plus surprenants que les adultes.
Combien de groupes seront présents au Viage le 20 avril ?
Il faut savoir que le niveau paraît assez élevé de l’extérieur, ce qui fait que de nombreux groupes n’osent pas s’inscrire. Il y a une certaine timidité de la part des belges.
La première année, nous avons eu huit groupes mais cette année, nous comptons en avoir une vingtaine. De plus, autour de ceux-ci, il y aura d’autres performers comme des chanteurs, des comédiens ou d’autres danseurs. Nawell Madani sera normalement présente.
C’est important de varier sinon la lassitude s’invite. Voir des shows de danse à la chaîne, c’est fatigant.
Vous envoyez des groupes à Las Vegas mais y-a-t-il des débouchés pour eux ?
On peut prendre l’exemple des 2mad qui ont gagné Belgium’s Got Talent. Trois mois avant Hip Hop International 2011, ils n’avaient pas encore créé leur groupe. Ils ont donc créé leur groupe pour Hip Hop International. Un pari gagnant puisque ce sont eux qui sont partis à Las Vegas.
Entretemps, nous avions été contactés via Franco Dragone par Gaetan Harem. Il souhaitait réaliser un reportage autour du groupe à Las Vegas. Son documentaire a été diffusé sur RTL-TVI et, depuis ce jour-là, Franco Dragone les a fait danser à Shanghai et ils ont pu ouvrir deux écoles de danse en Belgique qui comptent 900 élèves.
Bien entendu, si l’on gagne le grand show à Las Vegas, on devient une star internationale et on peut faire le tour du monde. Ce n’est pas encore arrivé à la Belgique mais qui sait, peut-être cette année…
Derrière cette compétition se cache donc un certain Franco Dragone…
Exactement. Franco Dragone sera présent et remettra probablement un prix « coup de coeur ». Il sera également là pour repérer des futures stars potentielles qui ne seront pas forcément gagnantes mais qui pourraient convenir à d’autres shows.
Êtes-vous soutenus dans cette démarche par les pouvoirs publics ?
Oui, complètement. La ville de Bruxelles mais aussi des personnalités politiques comme Yvan Mayeur, Rachid Madrane, Rudy Demotte, etc.
On les remercie d’ailleurs de nous permettre de mettre en place cet évènement. Sans eux, ce serait très difficile.
Êtes-vous ouverts aux artistes néerlandophones ?
Certainement. Nous avons d’ailleurs engagé une personne néerlandophone qui sera leur interlocuteur pendant le show de telle sorte qu’ils se sentent bien.
Enfin, faites-vous signer à l’artiste un contrat qui le lie à vous ?
Non, il n’y a aucun contrat d’exclusivité ou autre. Nous sommes seulement un tremplin. Nous espérons humblement garder un contact privilégié avec ces groupes pour qu’à l’avenir, ils reviennent en guest par exemple.
Plus d’informations sur le site de Hip Hop International Belgium en cliquant ici.
Propos recueillis par Matthieu Matthys