auteur : Jérôme Meizoz
édition : ZOE
sortie : janvier 2015
genre : roman – littérature suisse
Dans une région reculée de Suisse, un jeune étudiant se fait violemment abattre dans son bureau par des inconnus. Ses affaires personnelles, ses documents et son ordinateur sont détruits. L’étudiant se battait avec quelques autres militants pour ses idéaux écologistes. Dans ses actions menées pour préserver son canton déjà industriellement ravagé, les rumeurs couraient bon train pour entacher leur réputation. La politique du canton cherchant à exploiter le plus de terre possible pour développer l’immobilier et l’industrie dans la région, ce groupuscule prônant l’écologie est ainsi perçu comme un grain de sable dans l’engrenage. Mais, depuis l’assassinat du jeune homme, que reste-t-il ? La police mène l’enquête et les preuves se font rares. Cela répond-il à un réel manque d’éléments pour faire avancer l’affaire ou à un besoin de taire une vérité cachée ?
Dans une série de billets adressés au jeune homme regretté, le narrateur reconstitue différentes étapes de sa vie en tant que militant écolo pour ainsi dévoiler une société fermée et impénétrable.
Haut Val des loups a de quoi surprendre si l’on s’en tient à sa quatrième de couverture et son intrigue principale. Car, en effet, tous les éléments de l’intrigue se retrouvent bel et bien dans l’histoire mais celle-ci repose sur une structure tellement éclatée qu’elle en déconcerterait plus d’un. Haut Val des loups n’est pas un polar comme on pourrait le penser mais un ensemble de différents écrits éparpillés dans l’espace et le temps. L’histoire ne suit donc pas une chronologie particulière (on passe de 1991 à 1976 à 1984 en seulement quelques pages) ni même un fil conducteur thématique. C’est par quelques bribes de textes que le lecteur cerne le propos petit à petit, sans pour autant arriver à l’atteindre complètement. Il n’est donc pas question ici d’essayer d’en apprendre davantage sur le sort de ce malheureux étudiant.
Par ailleurs, le style de l’auteur, agréablement concis et dénué de tous artifices, engage le lecteur à travers un point de vue singulier sur le canton et une multitude de réflexions politiques et philosophiques. En revanche, dans un style moins agréable, le lecteur est pris à partie par le biais de quelques formules qui lui sont directement adressées et renvoient à la manière dont le livre est écrit. Ceci a beau être intéressant au début comme tentative littéraire, mais, passé quelques pages, cela devient très vite agaçant.
Enfin, le livre se rapproche plus d’un essai poétique sur les ravages du temps et du capitalisme que d’un livre de fiction traditionnel. Hélas, il aurait fallu un minimum d’éléments livrés au lecteur pour que celui-ci s’accroche véritablement à l’histoire, si ténue soit-elle.