auteur: Julien Syrac
édition: La Différence
sortie: mars 2017
genre: roman
A Marrec, là où la mer ne passe pas, où coulent une eau sale et les espoirs des gens, il y a la Halle. C’est là où chacun vient acheter, boire, parler, s’épancher, se rassurer, se raccrocher à une routine sentant le poisson et le mauvais vin italien mais une routine tout de même, rassurante.
Et puis, il y a la galerie d’art que tient Fouad, l’ancien artiste de la rue du Diable, dernier représentant de l’esprit libre de Marrec, il y a sa galerie hautainement placée au-dessus de Julien le vendeur de saucissons, d’Alma Constanza, la belle et élégante libraire, de Patrick M, l’homme d’affaire soucieux de faire fructifier son commerce à coup de coupe de champagne rosé bon marché, au-dessus d’Avi le garçon de café faussement italien et faussement idiot, de Sacha, le Tzigane gardien du sous-sol et des ordures que vomit la Halle chaque soir.
Dans ce tas d’ordures quotidiennes, il y a les grosses légumes de la Halle qui ne cherchent que l’argent, il y a les âmes fragilisées par le temps et le labeur et dans tout cela, il y a des perles d’humanité.
La Halle caresse et gifle l’être humain, le rendant beau dans sa bassesse, dans son désespoir, dans sa petite vie étriquée et monotone. La Halle dépose, au gré des mots, des poésies du cœur.
D’une écriture intime, disant les pensées secrètes et les chemins de vie ratés, Julien Syriac dépeint une galerie de personnages touchants et émouvants. Des personnages pris au piège de la Halle, dans son tournoiement de clients et de gestes répétitifs, bradant vie et rêves pour l’argent. C’est un livre qui parle de nous, de toi, de moi, c’est un livre qui parle des gens sans grand avenir mais qui essayent malgré tout de s’en construire un, ça parle des vies qui passent, de celles qui restent et de comment faire avec, ça parle d’amour aussi. Là, en filigrane, discrètement, il y a l’amour qui coule comme une rivière qui irait se jeter dans la mer. Un hymne à la vie et aux blessures qu’elle inflige.