Greta
de Neil Jordan
Thriller
Avec Isabelle Huppert, Chloë Grace Moretz, Maika Monroe
Sorti le 12 juin 2019
Alors qu’elle cherche à surmonter la disparition de sa mère avec qui elle entretenait une relation fusionnelle, Frances (Chloe Grace Moretz) retrouve un sac à main dans le métro new yorkais. Désireuse d’agir correctement, elle rapportera l’objet à sa propriétaire, Greta (Isabelle Huppert), et les deux femmes se lieront d’amitié. Mais il s’avérera rapidement que cette dernière possède quelques noirs secrets…
Greta ne brille certainement pas par son originalité. Construisant son identité en allant chercher des éléments dans le cinéma de Brian De Palma (on pensera notamment à Pulsions ou Blow Out pour l’atmosphère) ou à des monuments du genre tels que Misery (Rob Reiner, 1990), Hard Candy (Brian Nelson, 2005) et plus particulièrement Audition (Takashi Miike, 1999) à qui il va jusqu’à emprunter des scènes, ce nouveau film de Neil Jordan peine à se trouver !
Cependant si, sur le fond, Greta n’a rien de bien novateur, le film tente de s’illustrer par un travail sur la forme. Ainsi, Jordan choisira de renverser la construction de son long-métrage : là où beaucoup de thrillers créent l’angoisse avant d’offrir un dénouement dans leur dernier quart, Greta offre des réponses d’entrée de jeu. Frances découvrira donc très rapidement le secret que cache sa nouvelle amie et l’intrigue ne sera plus uniquement centrée sur la victime mais davantage sur le rapport que celle-ci entretiendra avec son agresseur.
Ainsi, le film aura l’intelligence d’entrer rapidement dans son propos et s’offrira le luxe de réorienter son déroulement à plusieurs reprises, laissant croire au spectateur que Frances aura réussi à se libérer de l’emprise de Greta.
Outre cette mosaïque scénaristique composée d’éléments récupérés dans divers autres film, Greta souffre dans sa première partie d’un énorme défaut : le jeu d’Isabelle Huppert, totalement faux, maladroit, jusqu’à en devenir embarrassant… Pourtant, si l’on y regarde de plus près, les choses semblent plus subtiles qu’il n’y paraît ! En effet, Greta s’est inventée une vie et une personnalité propres à plaire à Frances. Comme la suite du film le montrera, leur rencontre n’est au fond qu’une mise en scène répétée à de nombreuses reprises. Dès lors, la fausseté du jeu d’actrice d’Isabelle Huppert ne serait que la fausseté du discours de Greta. Bien entendu, chaque spectateur aura sa propre opinion sur le sujet et celle-ci n’est que l’expression de la nôtre. Toujours est-il qu’il s’agit ici soit d’une prestation complexe et brillante, soit d’un heureux retournement venant sauver un jeu horriblement faux.
En résumé, malgré un certain manque d’originalité scénaristique, Greta parvient à constituer un film angoissant agrémenté de quelques retournements inattendus. Si son horrible bande son tentera de donner à l’ensemble des allures de film d’horreur, c’est bien d’un thriller dont il s’agit et, dans ce style, il constitue un excellent film finalement plus recherché qu’il n’y paraît !