scénario : Stephen Desberg
dessin : Griffo
éditions : Le Lombard
sortie : mars 2014
Décidément, le XIXème siècle inspire la Bande Dessinée. Après La Banque parue chez Dargaud, Golden Dogs débarque au Lombard. Ayant pour cadre le Londres des années 1820, pour sujet les bas-fonds de la capitale anglaise et la débauche qui y règne en maître, Golden Dogs nous propose de suivre la formation d’un nouveau gang se promettant d’innover dans l’art du méfait. À travers les yeux de Fanny, jeune prostituée intelligente dont la destinée fût compromise par le viol et le meurtre de sa mère, nous suivons la formation de ces quatre as de la cambriole, dont le leader, un certain James Orwood, est aussi énigmatique qu’enjôleur hors pair. C’est justement cette personnalité insondable et cette gouaille quelques fois captieuse qui vont susciter chez Fanny l’admiration et la crainte.
Sorte d’ambiguïté socio-psychologique, Golden Dogs est néanmoins et avant tout, une histoire noire et glauque, nous relatant une réalité de l’Angleterre des années 1820. De fait, cette période de l’histoire du Royaume-Uni correspond au recours massif de la monnaie papier au détriment des métaux précieux jusque-là employés. Un avènement qui interviendra parallèlement à la révolution industrielle, conférant au pays sa place de leader économique mondial, mais aussi aux guerres napoléoniennes, creusant son déficit à un taux historique. Une position délicate qui se répercutera en une fraction irréversible de la société dans son ensemble.
Toute cette agitation socio-économique se retrouve très bien dans la création de Stephen Desberg et Griffo, deux auteurs néerlandophones à la carrière plus que respectable. Le premier cité a su donner au récit son envergure historique. Malgré les facéties quelque peu rocambolesques de nos protagonistes, la trame de fond reste résolument fidèle à la mutation sociale de la ville au XIXème. Un travail de documentation effectué également par Griffo, le dessinateur retraçant fidèlement le scénario sordide signé par son acolyte.
Ambiance sinistre, meurtres sordides, femmes de mauvaises vies traitées comme des lépreuses, suspense prenant, Golden Dogs recèle de nombreuses qualités. Seul le dévoilement de l’intrigue d’entrée de jeu est, selon nous, un mauvais choix contextuel. Une nouvelle saga à suivre de près.
(Critique du premier tome)
(Critique du deuxième tome)
(Critique du troisième tome)