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    Godspeed You! Black Emperor, en concert au Cirque Royal

    Pour l’envoi des Nuits Botaniques 2015, Le groupe canadien met la barre très haut.

    Le concert démarre sans qu’on ne s’en rende compte; un moment les musiciens accordent leurs instruments et petit à petit, se mettent à servir le même ton, à jouer ensemble. La structure est anarchique, le son agressif, les instruments entraînent des compositions envoûtantes. Pas de riffs, pas de voix : que des instruments qui se mélangent, qui mutent au fil du temps, explorant un thème.

    C’est parti pour deux heures d’émotions pures.

    Le Post-Rock est souvent difficile d’accès : la musique est en général très lente et les structures, souvent expérimentales, sont difficiles à cerner. Pour apprécier le genre il faut se laisser embarquer, sans point d’ancrage, dans la substance émotionnelle. C’est particulièrement le cas avec GY!BE, qui depuis sa formation en ‘94 à Montreal, s’est acquis un statut culte dans le petit monde du Post-Rock pour son style sombre et expérimental.

    Une chanson moyenne dure une dizaine de minutes, prend le temps d’établir un contexte (aidé par les projections derrière le groupe) et explore à fond un concept. Les pistes sont lentes et mettent du temps à prendre forme, mais c’est justement cette lente découverte, comme déterrer un squelette de dinosaure, qui permet de se plonger au plus profond des morceaux, d’en apprécier l’ampleur. La complexité, elle aussi, est amenée petit à petit et les changements se font un par un pour qu’on les savoure individuellement.

    Le groupe tourne en ce moment pour son dernier album (sorti le mois dernier) Asunder, Sweet and Other Distress,  et l’a joué en entier pour notre plus grand plaisir. Dans le ton de leurs opus précédents (sombre, violent, puissant), l’album est assez bon, comme les précédents. Comme toujours, il vaut mieux l’écouter en entier (et dans l’ordre) pour apprécier pleinement l’ambition des artistes.

    En somme, Godspeed You! Black Emperor a fait un excellent concert, démontrant pourquoi ils sont un des monstres sacrés d’un genre qu’on aime ou pas, mais qui vaut le temps qu’on s’y attarde.

    Jan Kazimirowski
    Jan Kazimirowski
    Journaliste du Suricate Magazine

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