Ghost in the Shell
de Rupert Sanders
Action, Science-fiction
Avec Scarlett Johansson, Pilou Asbaek, Michael Pitt, Juliette Binoche, Takeshi Kitano
Sorti le 29 mars 2017
Réalisateur de Blanche-Neige et le chasseur, Rupert Sanders a hérité de la version « live » de Ghost in the Shell, projet hollywoodien de longue haleine, dormant dans les cartons des producteurs depuis plusieurs années. Si le film est précédé d’une assez mauvaise réputation, due notamment au « whitewashing » de son casting, problème récurrent – mais de plus en plus mis en évidence – des remakes américains, le réalisateur Mamoru Oshii, auteur des versions animées, a étrangement donné sa bénédiction et son approbation à Sanders et à son interprète principale, Scarlett Johansson.
Celle-ci incarne donc le rôle du Major, robot d’un nouveau genre créé à partir d’une âme et d’un corps humains. Employée par une agence qui exploite ses capacités extraordinaires, elle lutte contre les criminels dans la ville de Tokyo. Alors qu’elle est aux prises avec un mystérieux criminel télépathe, elle en apprend plus sur ses propres origines et se lance dans une croisade pour retrouver son identité et ceux qui ont volé sa vie.
Si le manga Ghost in the Shell et les versions animées qui en ont été tirées ont une réputation et une aura culte, les cataloguant comme monuments de la science-fiction, il est assez affligeant de découvrir in fine une œuvre comme celle-ci, sorte d’ersatz lisse et propre sur soi d’une production Europacorp – on pense inévitablement à Lucy, mais aussi au Cinquième élément.
Le casting était pourtant plus qu’alléchant, et il faut créditer Sanders d’avoir accompli un véritable exploit : réunir des acteurs aussi intéressants que Scarlett Johansson, Michael Pitt, Juliette Binoche ou encore Takeshi Kitano et réussir non seulement à ne rien en tirer, mais aussi à les faire jouer dans un navet abyssal, à l’esthétique certes léchée mais atteignant des sommets de vide scénaristique ou thématique et d’ennui léthargique.
La vision de ce Ghost in the Shell « occidentalisé » – bien que toujours tokyoïte – s’avère une expérience extrêmement pénible, durant laquelle on essaie tant bien que mal de se laisser porter par telle ou telle course-poursuite sans originalité ou tel ou tel mouvement de caméra inutilement complexifié. Le seul intérêt qu’il suscite est l’interrogation et la réflexion autour de la carrière et du statut d’actrice de Scarlett Johansson, irrémédiablement devenue, dans l’imaginaire des cinéastes et des spectateurs, cette figure mi-robotique mi-virtuelle, cet être irréel et surhumain dont elle représente l’incarnation suprême depuis Avengers jusqu’à ce film-ci, en passant par Lucy et Under the Skin.