Premier album ? Oui, pour Fyfe. Mais Paul Dixon, le garçon caché derrière ce projet, s’était déjà fait remarquer sous le nom David’s Lyre et un premier album discret sorti en 2012 sur Bandcamp, Picture Of Your Youth. Quelques chansons distillées sur internet auront suffi pour s’attirer les louanges de la critique et les offres des labels.
Ce Londonien de 25 ans, issu d’une éducation musicale classique, a su faire de Fyfe l’outil de sa libération musicale, et de cet album l’aboutissement de son parcours artistique. Il s’impose avec Control et il y revendique ouvertement le lien de sa musique avec la peinture, il suffit de regarder ses pochettes de disques qui le montrent invariablement la tête recouverte de peinture.
Sa musique est effectivement composée de couches successives, superposées sur la toile de son imagination sonore. Quant aux pigments musicaux, les couleurs favorites de Fyfe tirent vers l’électro, le funk, un peu de jazz et une pop vaporeuse.
L’abondance de tempos lents et la multiplication de climats cotonneux pourraient prêter à la critique, mais Fyfe fait partie d’un courant où des voix soul donnent de la chaleur à une électro aérienne à la manière d’un James Blake ou des London Grammar.
Control émerveille par la qualité mélodique et épurée de ses morceaux, dont l’enchaînement est d’une parfaite fluidité. Les bases rythmiques agressives du hip-hop se mêlent à des arrangements plus pop parfaitement maîtrisés, le tout enrobé de la voix angélique de Dixon. Quant aux paroles, elles sont tout aussi soignées, Fyfe parle de relations, d’amour, du monde qu’il observe. Les sujets sont variés mais il y a comme un thème récurrent, celui du contrôle.
Un fil rouge électronique s’installe dès la première piste, et va se développer avec Holding On, sorte de petite ritournelle. Solace malgré des allures plus classiques et plus sombres conserve une tonalité électro langoureuse. Polythene Love nous ramène dans la vague trip-hop britannique des années ‘90 entre downtempo et psychédélisme cramé. Le morceau For You a lui tout pour connaître le succès, la voix de Fyfe couplée à une rythmique d’inspiration drum’n’bass est hautement addictif. Dans In Waves, on assiste à un dialogue musical entre le piano et les boites à rythmes, un soupçon langoureux mais qui se perd malheureusement à travers le tempo. Dommage. Fyfe procède par petites touches et amène subtilement le son très pop de Keep It Together .
Finalement, c’est quand Fyfe s’égare dans un univers plus équivoque et moins lustré qu’il se montre le plus intéressant. Et ce seront ses prochains écarts de conduite qui permettront de mesurer l’étendue de son talent. Cependant, on s’élève à l’écoute de cet album. Un album léché qui regorge de nouveauté, de mélodies étranges, d’harmonies solaires et de beauté.
Everything is under Control.