Titre : Football Factory
Auteur : John King
Editions : Au Diable Vauvert
Date de parution : 12 novembre 2020
Genre : roman noir
Football Factory de John King est un classique de littérature anglaise des années 90, abordant de plein fouet la culture du prolétariat anglais de ces années-là et plus particulièrement des tribus de hooligans. Les éditions Au Diable Vauvert rééditent ce livre dans une très belle esthétique. On y retrouve aussi d’autres œuvres de l’auteur : Prison House, England Away, Skinheads et White Trash dont on avait parlé en 2014.
Football Factory nous emmène dans les ruelles dangereuses, à proximité des stades londoniens. On suit les errances de Tom Johnson, fervent supporter de Chelsea, qui nous raconte ses soirées à la recherche de femmes faciles, les coups de bières avec les copains, les matchs de son club, les voyages dans les autres villes mais surtout, l’excitation de la baston contre les bandes de hooligans issus d’autres clubs. Tom ne nous épargne rien de ses pensées sur l’état de son pays, de ses victoires comme de ses défaites. Les récits des pérégrinations du protagoniste principal sont entrecoupés de portraits d’autres prolétaires nous immergeant complètement dans l’univers de cette classe ouvrière, pauvre et blanche : un ancien militaire perdu dans un monde qu’il ne comprend plus, une bigote ne voyant pas la déchéance de son fils, etc.
Et c’est justement cette immersion qui fait toute la force de ce livre. Ici pas de limites, les mots et les situations sont crus et reflètent une réalité crasse emplie de misogynie, de violence et de détresse humaine. On sent chez John King une réelle empathie pour ces hooligans des milieux populaires et qui, tout en dressant un portait terrible de cette vie de violence, tente de les comprendre, de voir plus loin que le mythe créé par les médias.
La réédition de cette œuvre est un témoignage important d’une époque, d’une Angleterre qui sort des années Thatcheriennes difficiles (la même période qu’un film comme The Full Monty qui raconte l’histoire de chômeurs se mettant au strip-tease pour leur survie ou que Trainspotting de Danny Boyle). Les mots de John King sont plus percutants que bien des films hollywoodiens sur le sujet et font de cet auteur et de son œuvre, un patrimoine majeur de la littérature. Et sûrement l’un des rares en Angleterre à se consacrer entièrement à la sous-culture white trash de son pays.