Pour sa nouvelle exposition la Fondation Boghossian s’intéresse à la thématique de l’eau. Water expose une vingtaine d’artistes se questionnant sur l’eau et ses différentes états et symboliques. Sujet de nombreuses préoccupations, et encore plus depuis quelques années, l’eau est un vaste sujet qui permet de multiples interprétations. Entre aspect vital et spirituel, elle lie les êtres humains et les reconnecte à une nature de plus en plus éloignée de nos modes de vies contemporains. Qu’elle prenne la forme de goutte, de nuage, de mer ou encore de glacier, l’eau est l’élément central de la vie.
Une décennie de gouttes
L’artiste coréen Kim Tschang-Yeul lance l’exposition. Deux toiles de sa série Gouttes d’eau sont installées dans la première pièce de la villa. Cette série de peintures représentant des gouttes d’eau entre photoréalisme et expressionnisme abstrait à été réalisée durant un demi siècle. L’artiste ressent dans ce travail un effet thérapeutique, l’aidant à oublier des souvenirs douloureux de la guerre de Corée. Cette série de toile est l’oeuvre centrale de sa carrière. Deux autres pièces de l’artiste sont également présentées dans la seconde pièce de la villa, toujours suivant la même représentation.
De la menace à la disparition
Sensible aux notions d’espace et d’environnement, l’artiste Olafur Eliasson réalise sur plusieurs années un témoignage photographique de l’état avancé de la fonte des glaciers islandais. Danois d’origine islandaise, l’artiste débute son projet en 1999 ayant pour but de cartographier l’île. Il reprend son projet en 2019 et retourne photographier les mêmes lieux, le résultat révèle l’impact très important du réchauffement climatique que subit de pays. Figure importante de l’art contemporain, Olafur Eliasson à une pratique engagée en faveur de l’environnement et favorise l’engagement de l’art dans ces luttes écologiques.
L’oeuvre de Benoît Pype Socle pour une goutte d’eau, présentée dans la salle de bain bleue reprend cette idée de disparition mais cette fois de manière poétique. L’artiste présente un socle sur lequel est présent, ou non un goutte d’eau. Ici l’élément de l’eau est la sculpture, elle devient fragile et éphémère. La goutte doit être installée régulièrement par les membres de la fondation, en s’évaporant avec le temps l’oeuvre prend un aspect vivant et laisse la surprise au spectateur d’être présente ou non. Intéressé par l’anodin et le familier, Benoît Pype sacralise dans cette l’oeuvre l’eau, lui rendant son importance et l’attention qu’elle n’a plus vraiment.
La série intitulée The Crossing, dont est tiré Laguna Nera XI-1 exposée dans la chambre d’amis, témoigne d’une mer sombre et menaçante. L’artiste Bay Vuong est né au Vietnam et a fuit le pays avec ses parents par la mer alors qu’il n’avait que un an. Peinte au couteau avec du goudron la toile éveil chez le spectateur un sentiment d’angoisse, d’inquiétude voir de malaise. Le mer est représentée uniquement en noir et des zones de lumières se créent par le relief de la peinture.
Entre beauté et poésie
Certains artistes représentent l’eau de manière poétique, en s’intéressant plutôt à son effet de miroitement, tel Ann Veronica Janssens qui présente Sweet Blue. Son installation est un aquarium rempli d’eau, de paraffine et l’alcool dans lequel le spectateur voit son reflet et le reflet de la pièce se déplacer selon sa position. Placés dans la même pièce, les photographies poétiques et humoristiques de Philippe Ramette le met en scène en pleine lecture de journal sous la mer. Cette série intitulée Exploration rationnelle des fonds sous-marins est réalisée sans trucages photoshop, l’artiste se met en scène dans ses éléments, semblant parfois défier la gravité.
L’exposition se clôture avec une autre peinture de Kim Tschang-Yeul, celle de la première goutte qu’il réalise. Avec une trentaine d’oeuvres exposées, Water invite le spectateur à remettre en question sa vision de l’eau au travers de celle des artistes exposés. Qu’elle prenne la forme de goutte, de nuage, de mer ou encore de glacier, l’eau est l’élément central de la vie.
- Ou? Fondation Boghossian, 67 Avenue Franklin Roosevelt, 1050 Bruxelles
- Quand? Du 19 octobre au 10 mars 2023 et du mardi au dimanche de 11h à 18h
- Combien? 12 €, différents tarifs réduits possibles