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    La Folle du logis de Rosa Montero

    auteur : Rosa Montero
    édition : Métailié
    sortie : septembre 2004
    genre : roman

    Assez peu connue chez nous, Rosa Montero est pourtant une auteure à succès dans le monde hispanique. Productive, cette écrivaine et journaliste – elle est chroniqueuse pour El País – a déjà tout une série d’œuvres à son actif. Dans cette réédition de La Folle du logis initialement paru en 2004, l’Espagnole confirme son talent et sa finesse.

    Dans cet ouvrage, comme dans d’autres*, Rosa Montero se révèle être une une auteure cultivée, lucide et passionnée de vie, d’amour et d’écriture. « Quand j’ai commencé à envisager d’écrire ce livre, je me disais que ce serait une sorte d’essai sur la littérature, la fiction, le métier d’écrivain. [Mais] un autre sujet s’est ajouté au projet de départ : j’allais non seulement parler de la littérature mais aussi de l’imagination. » (p. 177 du livre).

    Rosa Montero explore en effet les méandres de la création littéraire en passant d’un sujet à l’autre et en s’appuyant sur des biographies d’écrivains pour illustrer ses propos. Elle évoque l’imagination, la rêverie, et leur contraire, le tarissement de l’inspiration (Juan Rulfo) ; elle parle de la proximité avec la mort, que l’écriture soit salvatrice, pérenne (Victor Klemperer), ou destructrice (Rimbaud) ; elle décrit les moments d’extase, de flow, lorsque le daimon prend le contrôle (Kipling). Elle dresse également un portrait sans concession de la figure de l’écrivain, qu’il se place à la hauteur de ses (basses) concessions en privilégiant un confort anesthésiant (Goethe) ou qu’il utilise l’écriture pour s’exorciser ; qu’il se perde dans l’insuccès (Melville, Robert Walser) ou le succès (Truman Capote). Enfin, Rosa Montero décrit de façon touchante comme l’écriture est directement liée à l’inconscient, la façon dont des thèmes récurrents traverse une oeuvre ou la manière dont quelque chose qui donnera vie à une œuvre mémorable se manifeste de façon éphémère et aléatoire (Mary Shelley) ; elle démontre comment l’écriture transcende l’individualité et la misère humaine, comment elle est une fenêtre ouverte (ou fermée) sur l’angoisse. Exhaustive, elle consacre un passage à la soi-disant littérature féminine/des femmes et à un autre thème si peu abordé, les femmes d’écrivains (Sonia Tolstoï). Tout au long du livre, elle parle donc son art et de ses pairs, mais elle joint aussi les actes à la parole : le livre compte plusieurs passages autobiographiques à la frontière du vrai et de la fiction, sans que le lecteur sache de quel côté de la lisière il se trouve.

    « La première façon de penser est rationnelle, la seconde est magique. On peut soutenir que devenir adulte, c’est abandonner la pensée magique pour la pensée rationnelle, mais on peut soutenir aussi qu’il ne faut rien abandonner, que ce qui est vrai à un étage de l’esprit ne l’est pas à l’autre et qu’il faut habiter tous les étages, de la cave au grenier »**. (D’autres vies que la mienne (2009), Emmanuel Carrère). Laissez donc Rosa Montero vous offrir un tour du propriétaire.

    * Chaudement recommandé : L’idée ridicule ne plus jamais te revoir (2013) de la même auteure.
    ** Nous soulignons.

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