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    Florence Mendez : « Je suis quelqu’un de très sensible dans la vie »

    Professeure d’anglais et de néerlandais de formation, Florence Mendez a aujourd’hui quitté les estrades scolaires pour celles des salles de spectacles. Devenue en quelques années une humoriste incontournable des bonnes scènes ouvertes en Belgique, la jeune trentenaire propose au public son premier One Woman Show intitulé « Délicate ». Un retour humoristique sur sa vie d’enseignante, mais aussi une satire de la société actuelle.

    Rencontre avec Florence Mendez, une artiste belge aux multiples talents et aux multiples facettes.


    Comment êtes-vous arrivée dans l’humour ? Car vous étiez prof auparavant…

    À l’époque, je viens de terminer mes études et je commence à travailler en tant que prof. Un jour, je fais la rencontre de Dan Gagnon, on discute régulièrement via internet et il me dit : « Mais tu es drôle en fait !? ». Il me propose alors de venir dans son émission (NDLR : Le Dan Late Show sur la RTBF) pour remplacer un auteur sur le départ. Il m’engage à l’essai, comme auteure, et mes blagues passent à la télévision. Après quelques temps, il me conseille d’écrire pour moi et de monter sur une scène ouverte. C’est ce qui s’est passé et depuis, je n’ai plus jamais décroché.

    Tout cela a l’air très naturel, mais est-ce compliqué de monter sur scène pour quelqu’un comme vous, qui n’avait jamais fait cela auparavant ?

    C’est horrible ! Les premières fois où tu montes sur scène, tu te dis – jusqu’à entendre le premier rire – que tu ne vas pas y arriver. Je me souviens que mon coeur battait tellement fort que je pensais faire un malaise. Mais finalement, tu ne sais pas comment, mais tu y arrives. Le stand-up a cela de magique : c’est d’enlever ce frein, celui de la honte. Tant que tu as ce frein, ça te paralyse car tu as peur de prendre un bide. Passé cela, tu deviens invincible.

    Vous proposez un humour trash ou du moins osé, comme en témoigne le titre de votre spectacle « Délicate ». Avez-vous choisi cette voie dès le départ ?

    Au départ, le titre du spectacle était « Oh et puis merde !, car j’avais dû le créer en deux semaines parce que rien n’était vraiment fait. J’ai proposé plein de titres et le Cali Club me les refusait à chaque fois, j’ai alors dit « Oh et puis merde » et on a gardé ça. Quand Dan est revenu du Canada, on a un peu discuté de mon spectacle et c’est là qu’il a pris une autre tournure. Dan a alors trouvé son nouveau titre : « Délicate »… Et c’est très vrai ! Certes, j’ai un humour au lance-flammes voire à la mitraillette, mais je suis quelqu’un de très sensible dans la vie et aux antipodes du personnage que je montre sur scène.

    Ce genre d’humour ne plaît pas à tout le monde. N’avez-vous pas peur de choquer comme c’est arrivé récemment à Laura Laune en France ?

    Je suis rarement trash pour être trash. Je ne suis jamais dans la provoc’, c’est-à-dire que je ne vais jamais faire une blague trash pour susciter une réaction. Si je le fais, c’est pour avoir un trait d’humour plus soutenu… ou alors je le fais envers des gens dont je me fous de les avoir à dos, à savoir les racistes, les homophobes, les sexistes,… Si ce genre de personnes n’aime pas mes blagues, ça m’est égal. Mais je ne suis pas dans le même humour que Laura Laune, je ne pense pas que le trash soit ma marque de fabrique.

    Quelle est la trame de votre spectacle ? Quels thèmes abordez-vous ?

    La première partie du spectacle est consacrée à mon expérience en tant que prof et en tant que maman. Je raconte aussi pas mal de choses sur ma vie amoureuse, même si je reste assez secrète là-dessus. La deuxième partie du spectacle est consacrée à la société, à la méchanceté qui y règne, les gens qui se renferment sur eux-mêmes et à la bêtise.

    Vous avez récemment fait votre entrée au bureau des auteurs de Canal + en France. Comment vous êtes-vous lancée dans cette nouvelle aventure ?

    Un truc de malade ! J’ai reçu un message d’un gars sur Facebook me demandant si une collaboration avec Canal + m’intéressait. Ce à quoi, j’ai eu envie de répondre que cela ne m’intéressais pas et que j’avais de grands projets sur Télé Mons Borinage. Je relis donc le message dix-neuf fois pour vérifier que ce n’est pas une blague et non. Je suis donc allée à Paris les rencontrer plusieurs fois et je suis partie sur un engagement au bureau des auteurs de Canal +. Je vais donc une semaine sur deux à Paris, dans l’ancien bureau d’Omar et Fred, j’écris des conneries et on me donne de l’argent pour ça (rires).

    Pensez-vous que le passage par la France soit une étape indispensable pour réussir ?

    Oui, malheureusement. Par exemple, Canal + m’a tout de suite proposé un CDD, ce qui est déjà un bon début, car ici on travaille à la pige intérimaire pendant des années et des années. En tant que chroniqueur, tu peux être remercié du jour au lendemain. Au niveau de la stabilité du travail, ce n’est pas top. Puis, au niveau de la visibilité et de la reconnaissance, c’est… Ce n’est pas une question de gloriole, c’est une question de reconnaître les talents. J’ai gagné le VooRire – qui est tout de même un gros concours en Belgique puisqu’on représente la Belgique au Québec, en Suisse et en France -, il n’y a pas eu un seul article là-dessus ! Je m’en fous de voir mon nom dans les journaux, mais c’est tout de même dommage car nous sommes plein d’artistes à proposer des choses, à vouloir faire rayonner la Belgique et notre propre pays ne se penche pas sur nous. Myriam Leroy le disait mieux que moi dans une chronique  : Angèle, Roméo Elvis, Guillermo Guiz, Charline Vanhoenacker, Alex Vizorek étaient déjà géniaux avant d’être connus en France, mais ce n’est qu’une fois qu’ils ont été connus en France qu’ils ont été reconnus en Belgique. Dommage d’avoir besoin de cette validation française.

    Au regard de votre parcours, aimez-vous écrire pour les autres ?

    Non, c’est moins mon truc. J’ai une trop grande frustration lorsque la vanne ne passe pas ou que l’artiste la dit d’une autre manière.

    Plus d’infos sur les dates de représentations de « Délicate » sur le site internet de Florence Mendez www.florencemendez.be

    Matthieu Matthys
    Matthieu Matthys
    Directeur de publication - responsable cinéma du Suricate Magazine.

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