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    Fleuve noir, concours de grimaces pour Cassel et Duris

    Fleuve noir

    d’Erick Zonca

    Thriller

    Avec Vincent Cassel, Romain Duris, Sandrine Kiberlain, Élodie Bouchez, Charles Berling

    Sorti le 8 août 2018

    Commandant de police désabusé, François Visconti est déjà très occupé à rattraper les dérapages de son fils, mêlé à un trafic de drogue, lorsqu’il se voit chargé d’une affaire de disparition, celle du jeune Dany Arnault. Fasciné par la mère de celui-ci, Visconti est également intrigué par la présence envahissante sur les lieux de son enquête d’un voisin intrusif, Yan Bellaile, ancien professeur particulier de Dany.

    D’aucun auraient pu s’attendre, avec un tel casting – Cassel/Duris/Kiberlain –, sous la caméra d’un réalisateur anciennement bien coté (Erick Zonca – La Vie rêvée des anges, Julia), à voir Fleuve noir défrayer la chronique de prestigieux festivals de cinéma – Cannes, Berlin, Venise,…. Mais ce n’est qu’après un passage confidentiel au Festival du film policier de Beaune que ce petit polar nous arrive, sans fracas, presque la queue entre les jambes.

    Il faut dire que le film est, au pire une déception, au mieux un pétard mouillé, une espèce de téléfilm du samedi soir déguisé en thriller « auteurisant » à la française par un usage abusif d’ambiances crapoteuses, tant sur le plan visuel que thématique. Adaptation d’un roman policier israélien de Dror Mishani, Fleuve noir a, par son scénario, des aspects de série policière, de « whodunit », qui ne sont en soi pas désagréables mais que toutes les personnes participant au film semblent ne pas assumer ou prendre au sérieux.

    Probablement conscient qu’il est en train de filmer quelque chose d’anecdotique, Erick Zonca ne peut s’empêcher de forcer le trait dans son filmage épileptique et dans sa direction d’acteurs, comme s’il voulait signifier qu’il y a bien quelqu’un derrière la caméra. De la même manière, les acteurs – Vincent Cassel et Romain Duris en tête, dans un grand duel de cabotinage grimaçant – en font des tonnes comme pour bien signifier qu’ils ne sont pas dupes du caractère mineur de ce qu’ils sont en train de jouer.

    En résulte donc fatalement un film malade, lequel aurait pu être un honnête polar sans ambition mais regardable, mais finit par se transformer sous nos yeux ébahis en hallucinant nanar informe, ni film de genre, ni film d’auteur. Le simple fait d’avoir opté pour le titre Fleuve noir – en lieu et place de Une disparition inquiétante, titre du roman – en disait déjà long sur la volonté de relativiser les choses, de placer le film dans une lignée historique de romans de gare, afin de paraître très intelligent et de se situer dans une mouvance « réflexive » sur le genre. D’y aller en se pinçant le nez, en quelque sorte.

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