Magna Graecia / Europa Impari
d’Erwan Kerzanet et Anita Lamanna
Documentaire
Présenté dans le cadre du festival Filmer à tout prix 2015
Cinq portraits façonnent Magna Graecia / Europa Impari de Erwan Kerzanet et Anita Lamanna. Cinq portraits qui nous emmènent en Italie, dans les terres de la Locride et de la Calabre. Scandé de manière thématique, le film s’ouvre en chapitre, cinq nœuds narratifs montrant le passé, le présent et l’avenir d’une Italie abandonnée par l’Europe.
Sous le regard de femmes, d’écoliers, de demandeurs d’asile, de politiciens, d’un policier et d’un magistrat, le film passe de l’humour à l’horreur, de la joie à la crainte, et se termine sur une note très amère.
C’est avec une certaine subtilité, une approche dramatique retenue et une distance pleine de justesse que le film s’opère. Chaque intervention du duo Kerzanet-Lamanna laisse une grande place à ses personnages, ne captant que les gestes et discussions essentielles pour le documentaire. Très vite, le spectateur entre dans le cercle de discussions et s’en immerge complètement. C’est ainsi que la prise de conscience d’une Italie meurtrie s’effectue, ces différentes strates de paroles, ces différents chapitres s’alliant et s’homogénéisant pour former un ensemble complexe et pertinent.
Malgré ces grandes qualités, il n’empêche que le film pourrait davantage gagner en profondeur en allant plus loin dans ses intentions. Après un début prometteur, le film abandonne assez rapidement ses interlocuteurs. Certaines interventions, notamment celles du policier et du magistrat, semblent ne pas avoir été réellement prises en compte. La richesse des photographies montrées et de la discussion entamée montrent que ces deux personnages auraient pu dévoiler bien plus sur le marasme politique italien.
Bien que le film témoigne d’une retenue élégante par moment, celle-ci peut également, parfois, desservir une intention honorable.