Evolution
de Lucile Hadzihalilovic
Fantastique
Avec Max Brebant, Julie-Marie Parmentier, Roxane Duran
Sorti le 16 mars 2016
Après son long-métrage Innocence (2004), Lucile Hadzihalilovic propose un nouveau film qui traite de l’enfance et du rapport à l’autorité, Evolution.
Ayant remporté le Prix spécial du jury au Festival du Film Fantastique de Gérardmer, Evolution est un film qui a l’audace de marier les genres, passant du fantastique au film d’auteur, de la science-fiction au film d’horreur. Evolution forme un objet hybride, très personnel, dans lequel le spectateur pourra –ou non – y déployer toute son imagination.
Dans un petit village niché sur une île volcanique isolée, la population n’est faite que de mères et de jeunes garçons. Dans cette société étrange, Nicolas (Max Brebant), 11 ans, commence à avoir des doutes sur ce qui le lie à sa mère. Après une baignade dans l’océan, Nicolas découvre un cadavre dans les fonds marins et décide de percer le mystère qui entoure cette île macabre. Cependant, sa mère (Julie-Marie Parmentier) l’envoie dans un hôpital pour lui faire subir une expérience d’enfantement…
Alors que la structure scénaristique manque fortement d’évolution, l’histoire s’empêtre de méandres obscurs et se transforme rapidement en un magma de science-fiction. Le monde dystopique qui y est dépeint montre une vision où les femmes-créatures tentent de renverser les attributs naturels des hommes et des femmes avec, par exemple, des expérimentations de grossesse chez les jeunes garçons.
Pourtant, on peut également y voir, en filigrane, un conte aux allures de mythologie. Lorsque Nicolas se lie d’amitié avec une infirmière, Stella (Roxane Duran), il découvre les particularités de ces créatures fantastiques, ce qui lui permettra de fuir cette société dictatoriale et de rejoindre la civilisation. Par ailleurs, le personnage de Stella fait penser à Stella Maris, autre nom pour désigner Marie de Nazareth et qui renvoie également à la figure de l’étoile de mer, auquel le film fait quelques clins d’œil.
Ainsi, tous les éléments sont là pour porter le film au rang de mythe (l’enfance, le surnaturel, la domination, la fuite). Pourtant, ils n’y parviennent jamais. Le mystère bien trop gardé finit par décevoir et, même si la photographie du film enchante le spectateur, celui-ci retourne vite à ses désillusions.