« Small talk »
EMI, prénom japonais qui signifie « heureux, souriant » est programmé pour créer du lien avec les humains. Il tente donc d’interagir avec le public à l’aide de « small talk », questions anodines qui permettent de parler de tout et de rien. De ses yeux bleu turquoise, il interpelle les spectateurs sans attendre de réponse, constatant qu’EMI peut également signifier « expérience de mort imminente ».
La finalité
Alors que beaucoup d’entre nous s’interrogent sur les capacités d’une IA, Julia Huet Alberola opte pour le questionnement inverse: comment la créature artificielle perçoit-elle les humains ? Plusieurs fois reconfiguré, le robot interprète les réactions liées à l’apparence. Quand on le prend pour une jeune fille humaine, il aime ça. Il constate aussi qu’il « préfère être Cyborg qu’être Déesse » (Donna Harraway, éco-féministe).
EMI
Le jeu de Sasha Martelli est bluffant. Presque humain, il lui reste une certaine rigidité dans les déplacements et dans le langage ainsi que quelques tics faciaux. L’absence de décor centre l’attention sur le comédien. Son costume est parfait. Bien qu’ultra-simple (short et tee-shirt), il revêt un caractère artificiel. La mise en scène est millimétrée.
Se laisser troubler ?
La metteuse en scène et autrice s’est considérablement documentée pour élaborer ce spectacle qui évoque des personnages aussi variés que Golem, Nietzsche ou Elon Musk. La question n’est pas de savoir si l’IA est bien plus dangereuse que les armes nucléaires comme le prétend ce dernier, mais plutôt de s’interroger sur l’humain et sur ses capacités à s’adapter aux nouvelles technologies. A l’opposé d’un récit classique, ce voyage dans la vallée de l’étrange, peuplé de citations diverses, est un peu déroutant, voire énigmatique.