Les Marseillais de Eths font leur grand retour avec Ankaa, un quatrième album studio fort attendu.
Après l’EP Ex Umbra In Solem sorti en 2014, c’est le premier album où l’on retrouve la nouvelle chanteuse Rachel Aspe. Et ce disque confirme la très bonne impression que nous avait fait cette nouvelle venue après le départ de Candice.
Ceci dit, le départ de la chanteuse ne fut pas le seul changement au sein du groupe. Il y a quelques mois, ce fut au tour du batteur de tirer sa révérence et d’être remplacé par R.U.L.o
Mais comme ce départ intervint un peu avant l’enregistrement de cet album, le groupe dut chercher après un remplaçant provisoire. Ce fut le belge Dirk Verbeuren du groupe Soilwork qui fit donc les parties de batterie pendant cette session d’enregistrement. Le bassiste, quant à lui, est toujours Damien Rivoal.
Pour ceux et celles qui se demanderaient d’où vient ce titre d’album, Ankaa est en fait le nom de l’étoile la plus brillante de la constellation du Phoenix.
Alors, soyons clairs dès le départ, trois ans pour faire un album, c’est assez long. Mais lorsque l’on se penche sur ce disque, on comprend immédiatement que cet album est indéniablement le fruit d’un immense travail du groupe.
En effet, au-delà du fait que c’est le premier avec Rachel Aspe au chant, Ankaa marque aussi une certaine singularité dans sa production. Si l’on avait déjà remarqué une différence dans l’album précédent, celui-ci lui est nettement supérieur de par la complexité et la beauté des arrangements qui subliment ces douze morceaux.
L’album est cette fois produit par le guitariste Staif qui a fait ici un travail colossal et de qualité. Le résultat est sublime et donne la chair de poule par moment.
Chacun a apporté sa touche personnelle à commencer par Rachel qui nous montre ici une palette de sonorités très impressionnante. Certes, il y a cette maîtrise de la voix saturée et douce comme le faisait Candice auparavant. Mais la chanteuse a su diversifier son chant en l’adaptant aux chansons s’appropriant ainsi pleinement ces nouvelles compositions.
Côté écriture, la majorité des textes ont été écrits par Staif. Celui-ci a aussi collaboré avec l’artiste Faustine de La Nébuleuse d’Hima sur les titres Amaterasu, Kumari Kandam et Nixi Dii.
Et ce n’est pas la seule collaboration sur cet album. Car on retrouve cette fois du beau monde aux côtés des membres du groupe.
Tout d’abord, un autre membre du groupe Soilwork, le chanteur Björn Strid qui vient poser sa voix sur le titre HAR1. Il y a aussi Jon Howard de Thread Signal puis Sarah Layssac du groupe Arkan qui vient déposer de superbes vocalises orientales sur plusieurs morceaux.
Au fil des mois, le public a pu découvrir quelques extraits de cet album. Et l’on vit des commentaires parfois assez troublants sur ces différents morceaux.
En effet, si le groupe nous avait habitués à ses début à un style très singulier marqué par une rythmique syncopée qui accentuait le malaise et cette sensation d’oppression qui se dégageaient des paroles de Candice, il semblerait que les Marseillais aient décidé d’évoluer depuis un moment vers quelque chose de très différent.
III avait été l’occasion pour Eths d’expérimenter davantage et on ressent ici une espèce de continuité de cette atmosphère désertique. Après cet univers clos dans lequel semblait tourner en rond le groupe, ce troisième album avait permis de casser les barrières et cette ouverture est davantage marquée sur Ankaa.
Bien entendu, on retrouve des éléments-clés du groupe au niveau de la rythmique et du chant tantôt hurlé, tantôt chuchoté. Mais il est évident que la sonorité de ce nouvel album va bouleverser les habitudes des fans. On retrouve ainsi des passages plus électros, des cordes, des passages plutôt hardcore. Il y a même un morceau instrumental (Sehket Ahru) qui est de toute beauté.
Bref, vous l’aurez compris, Eths signe ici un disque exceptionnel à plus d’un titre. Contrairement à ce que l’on aurait pu croire il y a quelques années de cela, Staif et sa bande montrent ici qu’ils ont évolué et leurs compositions sont aujourd’hui beaucoup plus matures et travaillées.
Ankaa est sans nul doute l’album de l’ouverture. Un album beaucoup plus accessible que ne l’étaient sans doute les précédents. Et cela est bien entendu de très bonne augure pour le groupe puisque son public pourrait dès lors s’élargir considérablement.
Il est vrai que le mélange de sonorités orientales avec le métal sont de plus en plus à la mode (on le voit depuis un certain temps avec des groupes comme Melechesh ou Myrath). Mais Eths a su intégrer celles-ci avec brio sans que cela ne devienne systématique et lassant comme chez certains.
On est finalement très agréablement surpris par un tel résultat et bien entendu, impatients d’entendre ces nouveaux morceaux en live.
Ankaa est donc un album très riche qui mérite plusieurs écoutes pour en percevoir les nuances. Un disque inclassable comme on en fait peu aujourd’hui.