Titre : Et chaque fois mourir un peu
Auteur : Karine Giebel
Editions : Récamier
Date de parution : 28 mars 2024
Genre : Fiction, récit de guerre
Autrice de nombreux romans policiers à succès, récompensée par de nombreux prix, dont le Prix Polar du festival de Cognac en 2008, Karine Giebel nous revient avec Et chaque fois mourir un peu, un roman en deux tomes qui nous parle de ceux qui s’engagent pour le bien commun, pour sauver des vies, souvent au détriment de la leur.
De Sarajevo à Gaza, en passant par Grozny, la Colombie ou l’Afghanistan, Grégory se rend au chevet des sacrifiés sous l’égide de la Croix-Rouge internationale. Chaque victime sauvée est une victoire sur la folie des hommes. Chaque vie épargnée donne un sens à la sienne. Peu importe les cicatrices et les plaies invisibles que lui laisse chaque conflit. Poussé par l’adrénaline, par un courage hors du commun et par l’envie de sauver ceux que le monde oublie, Grégory prend de plus en plus de risques.
Roman addictif
Et chaque fois mourir un peu suit le parcours d’un jeune infirmier idéaliste durant une quinzaine d’année, un homme engagé sur tous les conflits qui au vu de son capital d’empathie entraîne le lecteur avec lui dans les profondeurs les plus sombre de la condition humaine. A l’actif de l’autrice, on peut mettre un sens de la mise en scène et du rythme qui provoque chez le lecteur une envie irrésistible d’en savoir plus, de continuer la lecture malgré les horreurs qu’il découvre au fil des pages. Et ce, malgré les défauts du livre.
Qui en fait trop ?
Car à force de vouloir faire ressentir la douleur du héros et la souffrance des populations, à force de montrer à quel point celui-ci devient instable au fil des missions, à quel point celles-ci le rongent de l’intérieur, l’autrice en fait sans doute un peu trop… trop d’émotions, des sentiments trop exacerbés, une tendance à mettre en scène les sentiments des protagonistes pour que ceux-ci ressortent plus…
Et c’est bien dommage, car l’objet du récit est admirable. Peu de romans à fort tirage parle du CICR et des femmes et hommes qui la composent, des difficultés qu’ils rencontrent au quotidien. Il me semble dès lors que l’importance du sujet et la gravité des faits exposés suffisaient à remporter l’empathie du lecteur, sans effet stylistique digne d’un mauvais roman Feel Good.
Et chaque fois mourir un peu est un roman paradoxal, tant son sujet est intense mais son écriture non adaptée à la gravité de celui-ci. Un résultat en demi-teinte donc pour l’autrice à succès.