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    Escapada, une impression de rester en dehors

    Escapada
    de Sarah Hirtt
    Comédie
    Avec Sergi López, François Neycken, Raphaëlle Corbisier
    Sorti le 13 mars 2019

    Escapada, un long-métrage belge où les personnages se déchirent, se câlinent, s’insultent, s’aiment, et mettent un joyeux bordel, sur un fond d’héritage espagnol ! 

    Une grande villa espagnole délabrée, entourée de vignes, voici ce qui réunit encore, après tant d’années, deux frères, Gustave et Jules, ainsi que leur petite sœur. Gustave est transporteur, comme son père avant lui, et il a désespérément besoin d’argent pour ne pas faire tomber l’entreprise en faillite. Jules a pris la voie inverse : ce militant anti-systémique fuit le concept de propriété et sa seule entreprise est de vivre en communauté avec son épouse et sa petite fille, tandis que Lou, la cadette, est prise entre les volontés de ses deux frères et ses envies de parcourir le monde. Chacun a sa vision du monde et ses propres projets pour cette grande maison héritée, ce qui va bien évidemment réveiller des mésententes et des rancœurs enfouies. Malgré cela, Lou va tout faire pour essayer de trouver une solution et d’unir à nouveau sa famille autour d’un joyeux compromis.

    Ce film est bien mené, quoiqu’un peu lent par moment. Il permet de découvrir des acteurs peu connus, qui entrent bien dans la peau de leurs personnages. L’image met bien en valeur les paysages ensoleillés de l’Espagne et donne une ambiance appréciable au film, tandis que le son donne envie de chanter et danser le flamenco. Là où ça bloque, c’est au niveau des sentiments exprimés, car si la fratrie et tous ceux qui les entourent vivent cette expérience de retrouvailles sous forme de montagne russe, c’est un peu moins le cas du côté du spectateur qui aura du mal à trouver de l’empathie pour chacun d’eux. Les dialogues restent simples et laissent l’impression que nous ne saurons que peu de choses sur tous ces personnages, surtout en ce qui concerne leur passé et leurs motivations. Pour résultat, une impression de ne pas s’attacher aux protagonistes et de rester à l’extérieur de l’histoire.

    La narration est plutôt classique, le suspens ne dure jamais très longtemps et nous pouvons voir la fin arriver d’assez loin. L’histoire aborde des questions intéressantes à côté de celle des liens familiaux, telles que l’argent, la propriété ou la fuite d’un système établi, mais aussi et surtout, ce film aborde la nécessité de trouver un compromis qui dépasse la force des idéaux individuels. Difficile de savoir, après certaines scènes, si ce film se veut drôle et familial ou réflexif et anticapitaliste, probablement un peu des deux, mais avec quelques déséquilibres.

    Un long-métrage qui, sans être inoubliable, est toutefois bien sympathique et laisse dans le cœur l’envie de réparer les relations perdues, qu’elles soient amicales ou familiales, et de retrouver l’entente.

    Cynthia Prévot
    Cynthia Prévot
    Journaliste du Suricate Magazine

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