D’après l’oeuvre d’Alexandre Dumas
Mise en scène de Thierry Debroux
Avec Jean-Philippe Altenloh, Cindy Besson, Itsik Elbaz, Nathan Fourquet-Dubart, Lou Hebborn, Jonas Jans, Tiphanie Lefrançois, Lucas Monton, Quentin Minon, Nicolas Ossowski, Guy Pion, Benjamin Van Belleghem, Valentin Vanstechelman, Benoît Verhaert, Anouchka Vingtier et trois stagiaires Melvin Guerez, Luca Ricottone, Clémentine Fargeas-Sichler et les enfants en alternance : Milan Bonnet, Maxime Clausse, Abel Dabeux
Du 5 septembre au 19 octobre 2024
Au Théâtre Royal du Parc
L’injustice vécue par Edmond Dantès et la vengeance qui en a résulté a depuis longtemps fait l’objet de nombreuses interprétations et adaptations au théâtre et au cinéma. Cette année, le Parc nous propose sa vision de la célèbre œuvre d’Alexandre Dumas. Un parti pris narratif et une scénographie qui font mouche.
Quand on s’attaque au Comte de Monte-Cristo, il est impératif de faire des choix. L’œuvre originale totalise pas moins de six volumes, ce qui représente près de deux milles pages et autant d’intrigues et de personnages secondaires.
Dans les faits, il est pratiquement impossible d’exposer la totalité des enjeux du récit et lorsque l’action se passe au théâtre, les contraintes sont décuplées. Là où le cinéma peut se targuer de pouvoir varier les plans séquences, les lieux de tournage, les flash-backs et de densifier l’intrigue par des images fortes et esthétiques, le théâtre possède certaines contraintes qui l’obligent à se montrer malin.
Une narration en abysse
Le parti pris par Thierry Debroux pour la mise en scène est astucieux. Le fil rouge de l’histoire du comte sera raconté par un narrateur qui tour à tour deviendra acteur et spectateur du récit. Cette pratique est bien heureuse car elle permet de contextualiser les liens entre les personnages, ce qui résout totalement la contrainte de temps propre au théâtre tout en gardant une cohérence narrative propre et efficace. On souligne ce twist qui nous a permis d’entrer directement dans le récit et ce d’une manière fluide.
La scénographie réalisée conjointement avec Saïd Abitar est sombre, gothique, obscure, en corrélation parfaite avec le propos de l’œuvre. On voit souvent apparaître l’image de la toile d’araignée, allégorie parfaite à la vengeance que tisse minutieusement Edmond Dantès. Les tableaux sont variés et témoignent d’une forte identité. On souligne également le très beau travail d’Allan Beurms sur les vidéos qui amènent de la densité, du corps et de la perspective à l’histoire.
Du monde sur scène
Beaucoup de personnages orbitent autour du Comte, il fallait leur trouver une place mais également un juste équilibre. Chaque interprète a su pleinement tirer parti de sa présence sur scène, marquant les esprits. Ils ont œuvré avec investissement et force à chaque niveau de la partition qui leur était due et ont participé ensemble au succès de la pièce.
Toutefois, il nous est impossible de ne pas remettre une mention honorifique au chef d’orchestre de la pièce, Itsik Elbaz, qui nous a livré une prestation à la hauteur du rôle qui lui a été confié. Incarner Edmond Dantès peut autant être une bénédiction qu’une malédiction. Il faut savoir porter le costume et il n’est pas des plus simples à enfiler. Fort heureusement pour nous, le comédien possède la force et le charisme nécessaires à nous immerger au cœur de cette vengeance teintée de violence et de regrets.
Le Comte de Monte Cristo au Parc est une réussite et peut se vanter de pouvoir rivaliser avec le cinéma à gros budget.