auteur : Pierre Desproges
illustrations : Cabu, Catherine, Charb, Luz, Riss, Tignous et Wolinski
éditions : Les échappés
date de sortie : septembre 2014
genre : Humour, cuisine
Les riches, les pauvres, les politiques, les religions, l’armée, la gauche, la droite, les femmes, les pseudo-intellectuels, les pseudo-humanistes, le Pape… On ne peut pas dire que l’ancien maitre de l’humour noir, Pierre Desproges, ait épargné grand monde au fil de sa carrière d’humoriste. Adepte de l’absurde et de l’ironie grinçante, le trublion français était, aussi et surtout, connu pour son amour inconditionnel des mots et de la bonne chair.
Ce sont ces deux amours qui l’ont amené à écrire d’improbables chroniques culinaires entre 1984 et 1985 pour la revue très BCBG Cuisine et Vins de France. Les éditions Les échappés rassemblent cette année, pour la première fois en volume, tous les articles gastronomiques écrits par Desproges dans la dite revue en les agrémentant à fois d’une recette familiale inédite et de textes en lien avec la cuisine. En guise de garniture, on retrouve dans ce recueil de chroniques des illustrations hautes en couleurs réalisées par les dessinateurs de Charlie Hebdo : Cabu, Catherine, Charb, Luz, Riss, Tignous et Wolinski.
Loin des standards de la presse gastronomique, Desproges maria dans ses textes raffinement et grivoiseries. Dans son style pétillant de drôlerie et d’intelligence, il évoqua, entre autres, les vins de Sardaigne, la cuisine italienne au Québec, le champagne aux Baléares, l’inculture œnologique des jeunes, les femmes, l’amour…Il redéfinit la tomate et l’endive à son goût, transforma une tartine de pâté, fustigea la misogynie au restaurant, célébra Jonathan Paxabouille (l’inventeur trouble du pain à saucer), mit en vers la romance d’une poule et d’un coq,…
Le livre Encore des nouilles nous sert donc de l’humour desprogien pur jus ; une verve tantôt loufoque, tantôt acide dont le lyrisme contraste avec un vocabulaire cru. C’est sûr, l’humoriste français s’est tout permis dans ses chroniques. On découvre dans la préface (signée Elisabeth de Meurville) que Desproges aurait été payé en liquide… (rouge ou blanc !) pour sa contribution au mensuel. On y apprend également que certains ont eu du mal à digérer cette rubrique décalée – une abonnée a même écrit pour dire qu’elle arrachait la page avant de lire sa revue – et la direction du groupe n’a pas été convaincue immédiatement. Certes, on se dit que certaines chroniques sont plus savoureuses que d’autres mais elles ont toutes le mérite de nous mettre en appétit de lecture. Encore des nouilles, c’est le plaisir de (re)découvrir Desproges sous un autre jour et c’est plutôt agréable. Alors pourquoi se priver ?