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    En roue libre de Rochier et Moog

    Scénario : Gilles Rochier
    Dessin : Nicolas Moog
    Éditions : Casterman
    Sortie : 02 mai 2018
    Genre : Vie quotidienne

    La très belle couverture de cette bande dessinée nous a attiré l’œil directement.

    En roue libre, c’est l’histoire d’une bande de potes qui se lancent des défis à la « cap ou pas cap ? » jusqu’au jour de trop, laissant un Tonio en fauteuil roulant et son ami, désemparé. Tonio, c’est le casse-cou du groupe, toujours prêt à relever de nouveaux challenges. À l’allure du film Intouchables, ici ce sont deux amis face au handicap. De conversations futiles en sorties inutiles, ces deux-là essaient de combler le temps pour ne pas laisser s’instaurer la gêne face à la situation du handicap. Ils abordent rarement le sujet, ce qui en fait des non-dits qui éloignent. On ne sait pas ce que vit l’un ou l’autre, on est juste là, impuissants. N’osant s’avouer la détresse de l’un et l’autre face à la maladie, agressions verbales et pitié se confrontent. On préserve sa peau comme on peut, quelques mensonges pour sauver la face et on s’en sort, dans cette banlieue qui « n’épargne personne ni même l’infirme » dixit Tonio. Ce dernier voudrait juste être libre comme le vent, libre comme l’air, et non attaché à ce fauteuil ou ce regard qu’on lui concède. Le temps de l’album, on « traîne » avec ces deux personnages. On partage un instant de vie au sein de cette banlieue qui s’encroûte comme ces deux amis.

    En roue libre a été écrit par Gilles Rochier, scénariste qui travaille pour des projets de réinsertion par la bd, et dessinée par Nicolas Moog, qui publie notamment dans la presse comme Fluide Glacial ou La Revue dessinée.

    On aime beaucoup le graphisme carré, froid et l’utilisation du noir et blanc sur fond gris : métaphore d’un univers cloisonné – reflet de la situation vécue dans l’album. Les séquences de flashbacks, eux, sont teintées en orange, couleur de l’action. On apprécie les dessins simples mais efficaces. Cependant, on est resté un peu sur notre faim, car on aurait aimé s’attacher un peu plus aux personnages grâce au développement de l’histoire qui nous paraît rester en suspens à la fin.

    Celine Pagniez
    Celine Pagniez
    Journaliste du Suricate Magazine

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