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    Eclaireurs de Christophe Hermans

    Un documentaire de Christophe Hermans

    Présenté au FIFF dimanche 4 octobre à 18h30 à l’Eldorado, aux Grignoux à Liège jusqu’au 13 octobre et au Cinéma Plaza Art de Mons le 29 octobre à 20h

    Après avoir accoutumé ses spectateurs à des thématiques qualifiées de lourdes dans ses derniers films telles que la mort et la stagnation dans Corps Étranger (2011) ou l’image de soi et la féminité dans Les Perruques de Christel (2013), Christophe Hermans s’attaque dans son nouveau documentaire Éclaireurs à des sujets plus légers, mais non pas moins intéressants.

    Dans le cadre d’un camp de scouts que l’équipe de tournage accompagne pendant une quinzaine de jours, Éclaireurs tente de saisir l’essence de la complexité de l’adolescence. Loin de tous les clichés, le documentaire offre des moments intenses que la caméra arrive à capter dans toute leur vérité. Se concentrant sur cinq personnages principaux parmi d’autres éclaireurs (Damien, Camille, Thomas, François et Maureen), Hermans explore joies, crises, pleurs, et appartenance.

    Malgré des prises de vues qui refusent la mise en scène, se remarque dans le documentaire une construction dramaturgique quasi romanesque. Si Christophe Hermans n’intervient pas en filmant ses personnages, son montage fluide et ficelé ajoute un air fictionnel léger dans le suivi des adolescents. Résumant quatre-vingts heures de rushes en un documentaire d’une heure vingt, il décide d’octroyer les activités de scoutisme pour se concentrer sur la quintessence de l’adolescence. De sorte que, par croisements et déchiquetages, les portions de base du film se conjuguent dans une organisation singulière qui s’alimente aussi bien de l’ordre journalier des fragments que du désordre de leur lien. Cet aspect fictionnel ne rend pas le documentaire moins vérisimilaire, mais y rajoute cet attachement que nous, spectateurs, développons aux personnages de film dans une narration classique.

    Après nous avoir présenté quelques adolescents avec leurs parents en train de se préparer pour le camp, le début du film alterne brièvement différentes activités pratiques des éclaireurs avec des montagnes russes émotionnelles, sans s’y attarder essentiellement. Alors que le spectateur désire à ce niveau du film passer plus de temps avec les personnages qu’il vient de découvrir, Christophe Hermans lui comble son appétit. En effet, le rythme du montage ralentit à fur et à mesure de l’avancement du documentaire et la durée des séquences donne plus d’ampleur aux actions et plus de vérité aux échanges sentimentaux. On en cite la séquence où les éclaireurs doivent dans leurs équipes respectives parcourir des chemins spécifiques et y survivre en demandant de l’aide aux habitants, celle de la « totémisation » de la jeune fille, ou encore celle du cercle de paroles où naissent de très belles concertations.

    En regardant Éclaireurs qui nous fait autant rire qu’il nous émeut, l’adolescent en nous ressurgit avec la nostalgie d’une époque passée et il nous rappelle l’importance que nous accordions à ce qui, à présent, nous semble futile. L’amitié, l’amour, la jalousie, l’envie de déconner ou de plaire, et surtout la nécessité d’appartenir. On a tous connu ce que valent ces mots pour un adolescent. Et pour parvenir à extraire la rugosité de ses sentiments complexes en toute simplicité, se cache derrière ce travail non seulement la sensibilité d’un documentariste qui rajoute à la réalité une autre dimension, mais aussi et surtout une confiance sans laquelle Éclaireurs n’aurait pas vu le jour.

    Patrick Tass
    Patrick Tass
    Journaliste du Suricate Magazine

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