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    Downsizing, 12 centimètres pour sauver l’humanité

    Downsizing

    d’Alexander Payne

    Drame, Comédie 

    Avec Matt Damon, Kristen Wiig, Christoph Waltz

    Sorti le 17 janvier 2018

    Dans Downsizing, Alexander Payne (The Descendants, Nebraska) imagine une humanité réduite à la taille d’une équerre. Le résultat est à la fois surprenant, et décevant, car le film se prend les pieds dans son ambition.

    Cherchant à endiguer la surpopulation, des scientifiques réussissent à rétrécir les humains à une taille de 12 centimètres. Présentée comme écologique, cette « décroissance » est surtout une  solution facile pour considérablement augmenter son niveau de vie. Fauchés, Paul et Audrey Safranek (Matt Damon et Kristen Wiig) décident de sauter le pas et de se faire miniaturiser. Mais après l’opération, Paul se réveille seul : Audrey l’a lâché. Le voilà plongé dans une nouvelle vie qui va s’avérer bien différente de la précédente, grâce à son voisin Dusan (Christoph Waltz) et à Ngoc Lan (Hong Chau), la femme de ménage de ce dernier.

    Une satire qui ne pique pas

    Le film de Payne traite de l’histoire de Paul Safranek, du rêve américain et des inégalités sociales, et du sort de l’humanité dans un contexte de surpopulation et de destruction environnementale. Ces thèmes sont abordés avec nonchalance, sans avoir l’air d’y toucher, selon un type d’humour basé sur l’euphémisme. C’est ce qui donne tout son charme au film, mais aussi ce qui le dessert, car Downsizing manque de tension dramatique faute d’un fil conducteur clair. On ne sait si les dérives de notre société sont un prétexte pour raconter l’histoire de Paul Safranek, ou si la vie de ce dernier est un prétexte pour lancer une charge contre notre société. Dans ce dernier cas de figure, si critique il y a, elle apparaît bien timide, comme le confirme la fin convenue et fade. Faut-il y voir une adaptation aux goûts du grand public américain, plus frileux face à certaines questions de société ? Le film aurait en tout cas gagné être plus radical et prouve que n’est pas satirique qui veut.

    Hong Chau vole la vedette à Matt Damon

    À défaut d’être clair sur ses intentions, Downsizing se laisse regarder avec un réel plaisir.

    Le ton joyeux et décalé évite au film de ressembler à un pur produit hollywoodien. Et à ce petit jeu-là, les acteurs assurent : Matt Damon et Kristen Wiig sont parfaits en Américains moyens, certes sympathiques, mais un peu chiants et pathétiques (pour citer Dusan). Toujours armé de son sourire carnassier, Christoph Waltz joue à merveille le businessman/jet-setteur d’Europe de l’Est.

    A priori bien moins « bankable » que le reste de l’équipe, l’actrice américaine Hong Chau offre une performance remarquable et vole la vedette à Matt Damon. Son rôle de Ngoc Lan a pourtant été décrié comme stéréotypé, notamment à cause du mauvais anglais (« broken english ») du personnage. En interview, Hong Chau assume et défend ce rôle : « Je veux juste jouer de bons rôles, ce n’est pas important si le personnage est « d’ethnie indéterminée » ou « spécifiquement asiatique ». (…) Ce personnage ne se réduit pas à son accent, ce qui compte c’est aussi ce qu’elle dit ». En effet, non seulement l’accent travaillé par l’actrice s’inspire de son vécu – puisqu’elle a grandi entourée de réfugiés vietnamiens dont l’anglais n’était pas la langue première –, mais surtout ce personnage est complexe et relativement inédit dans ce genre de film.

    Au final, Downsizing ravit autant qu’il déçoit. Sans doute est-il conseillé d’y aller sans trop d’attentes pour savourer sans arrières-pensées l’humour pince-sans-rire du film et les effets spéciaux très réussis.

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