auteur : Willa Marsh
édition : J’ai Lu
sortie : janvier 2017
genre : roman
Matt, écrivain auréolé du succès planétaire de son premier best-seller, se retrouve confronté au syndrome de la page blanche. Il quitte alors la vie agitée de Londres pour passer un peu de temps auprès des siens dans la campagne galloise. Il y retrouve sa sœur Imogen, son mari Julian et leur bébé Rosie. Ainsi que Milo et Lottie, de vieux amis qui les ont élevés comme leurs propres enfants après le décès prématuré de leur père en Afghanistan. En attendant un retour de flamme littéraire, Matt se replonge dans les souvenirs qu’il a de sa mère, décédée quelques mois plus tôt. Dépressive profonde et d’une apathie sans limite, elle a délaissé ses jeunes enfants à la mort de son mari. C’est dans cette atmosphère pleine de réminiscences que le jeune homme découvre un coffre renfermant un tas de photos ayant appartenu à sa mère. Des clichés qu’il n’a jamais vus et des endroits qu’il ne reconnaît pas. Et sa sœur n’y apparaît pas une seule fois. Quel mystère entoure ces photos ? Matt connaît-il bien sa famille ? Sa mère démissionnaire lui aurait-elle caché quelque chose ? A vous de décider si vous aller tenter de percer ce Double secret de Willa Marsh…
Dès qu’on entame ce livre, il faut s’accrocher. Une avalanche de noms se déclenche sous nos petits yeux qui ont du mal à suivre. On a, dans un premier temps, un mal fou à établir les relations entre les personnages. Qui est qui exactement ? Qui a couché avec qui ? Qui aimerait coucher avec qui ? Pourquoi polluer le récit de personnages qui n’auront aucun intérêt pour la suite ? Seule Willa Marsh le sait. Nous, on a toujours pas compris pourquoi.
Pour continuer dans le rayon des personnages, évoquons leur psychologie, digne d’une sitcom d’AB Productions. Les vieux, les jeunes, les bébés et même les animaux : tous sont gentils et pétris de bons sentiments. Pas une once de méchanceté n’atteint leur psyché délicate et tous mériteraient leur place au panthéon de La Petite Maison dans la prairie. Cependant, ils ont quand même leur méchante de service, leur Nellie Oleson en la personne d’Annabel, prétendante de Matt qui espère se faire une place dans sa vie et dans son lit uniquement pour le prestige. La sale garce ! Les traînées ont parfois du bon, car dans ce cas, la fourberie d’Annabel -hélas trop peu présente!- offre un certain rafraîchissement dans ce monde peu crédible de petits poneys.
Une autre grosse difficulté à surmonter dans ce roman est le rythme. L’histoire est bien trop lente à se mettre en place et l’intrigue pour laquelle on a débuté le livre n’est développée, et de façon peu subtile, qu’à la fin de l’ouvrage. Comble de tout, le dénouement, pourtant cousu de fil blanc, est accepté à la va-vite par les protagonistes. Malheureusement, pas par le lecteur qui n’est pas dupe. On a l’impression qu’un des évènements du récit, à savoir la vente d’un pavillon familial, n’est que prétexte à remplir les 346 pages exigées par le contrat de l’éditeur. Trop de longueurs lassent le lecteur. Précepte à appliquer quand on a affaire à un roman dit « de délassement ».
Bref, vous l’aurez compris, même sans lire entre les lignes, Double secret n’est pas un bon Willa Marsh. Il peut toutefois se laisser apprécier par des lecteurs peu exigeants pour qui la présence de nombreux dialogues et d’une gentillesse sirupeuse est synonyme de lecture détente. Pour les autres, passez votre chemin et lancez-vous plutôt dans la lecture de Meurtres au manoir si vous souhaitez découvrir cette auteure qui le mérite ou si vous avez un penchant pour les livres estampillés « romans british à déguster avec une tasse de thé ». Personne n’est à l’abri d’une erreur de parcours !