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    Dix secondes, en seconde zone


    Titre : Dix secondes
    Auteur.ice : Max de Radiguès
    Edition : Casterman
    Date de parution : 12 mars 2025
    Genre du livre : Bande déssinée

    Figure de la bande dessinée belge, qui compte à son actif une pelletée d’albums, Max de Radiguès publie chez Casterman un récit à la fois intime et universel.

    Très clairement, Marco n’en branle pas une. Toute son existence tient dans une série d’actions qui semblent se répéter infernalement. À l’infini. Si l’adolescent dépenaillé, avec son air déconcerné, fait acte de présence à l’école, il ne vit vraiment que pour ses moments d’oubli. Ces envolées où il se murge la gueule jusqu’à ne plus se souvenir de son prénom. Et puis Marco passe son temps à se viander. Il se plante tellement qu’on dirait qu’il est jardinier. Marco ne maîtrise pas son corps. Ni ses hormones. Il aimerait voir plus souvent Zoé, même s’il n’est pas très assertif dans sa démarche. En bref, Marco c’est un adolescent comme les autres, avec un léger problème d’addiction.

    S’il fallait définir Dix secondes en un mot, ce serait équilibre. Max de Radigues balance entre plusieurs influences. Il est à la fois l’héritier d’une tradition de la ligne claire et défenseur d’une vision moderne de la bande dessinée. Capable d’intégrer aussi bien le Journal de Spirou que l’Employé du moi. Son dessin est simple. Au premier regard, un peu trop même. Mais on ne doit pas juger un livre à sa couverture. Surtout en bande dessinée, où le rapport entre le texte et l’image peut changer la donne. En l’occurrence, le dépouillement graphique plonge le lecteur dans une niaiserie adolescente où rien n’a vraiment d’importance.

    Et puis surtout, Dix secondes est en équilibre entre localisme et universalité. Comme tous les jeunes qui vivent à la campagne, Marco entretient une relation toxique avec l’ennui. Pour s’en débarrasser, il roule les yeux fermés. Dix secondes. Juste ce qu’il faut de temps pour se sentir vivre. La lassitude est écrasante. Son monde est neurasthénique.

    Mais Dix secondes est également ancré dans la culture belge, et plus particulièrement dans le paysage du Béwé. Rixensart n’a pas souvent été mise en valeur dans le registre de la fiction. Alors qu’elle en profite. Il y a le jaune désespérant des panneaux tec. Le Palladium de Baisy-Thy. Le lac de Genval. Et puis, il y a le vocable. Ça parle duj. Schmet. Baraki. Dix secondes est générationnel. Comme le postface son auteur, « c’est un récit de fiction construit de bribes de souvenirs et de larges parts d’invention » qui cible la Wallonie des années nonante (et pas quatre-vint-dix). Cette époque de Jupiler et de Nintendo. De Wallaroo et de feux dans les bois.

     

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