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    « Dis-moi comment tu fais » de Simone Scoatarin

     

    auteur : Simone Scoatarin
    édition : Jourdan
    sortie : janvier 2018
    genre : histoire et sociologie

    Tour à tour sujet tabou, simplement caché ou carrément flagrant à la limite de l’indécence, la manière dont nous faisons – et avons fait – nos besoins, s’enracine dans le fait que le produit de nos déjections est considéré comme sale à travers l’Histoire, sauf exception qui confirme la règle bien sûr. Tout cela n’est cependant qu’une affaire de culture : les humains qui composent une société feront leurs besoins d’une façon qui est en relation directe avec leurs modes de vie et/ou leurs croyances.

    Relater par le menu le destin de nos matières fécales était loin d’être une tâche aisée. Simone Scoatarin s’en acquitte pourtant de manière impudique certes – mais le sujet l’est finalement par son fondement même -, mais sans jamais verser dans le vulgaire et la scatologie, bien que celle-ci soit évoquée à titre d’exemple pour étayer les propos de l’auteure. Avec un humour truculent, irrévérencieux parfois mais bien dosé, elle finit par nous donner l’envie de creuser un peu plus loin dans le passé des latrines.

    Et, il faut bien le dire, depuis le Moyen Âge on aurait plutôt envie de rougir… de honte ! Si durant l’Antiquité thermes et systèmes de canalisation veillaient à l’état de santé des citoyens et à la salubrité des cités, il en va tout autrement à partir de la période historique suivante. Les toilettes personnelles, quand les architectes n’oublient pas purement et simplement d’en intégrer dans les bâtiments – d’où notamment l’usage des pots-de-chambres, chaises percées et autres pissotières -, sont reléguées le plus loin possible des pièces à vivre et ne sont l’apanage que des personnes aisées. Le reste, autrement dit la majeure partie de la population, doit se partager des latrines innommables et des rues infectées du contenu des pots de chambre que l’on déversait sur le trottoir via la fenêtre. La dernière solution consistant à faire dans la nature en se cachant pudiquement ou à la vue de tous.

    Et si à Versailles, les courtisans devaient se retenir ou parcourir un dédale de couloirs pour accéder à une toilette sommaire, les femmes, n’ayant pas reçu l’avantage de pouvoir pisser debout et presque n’importe où, n’ont qu’à se retenir ! Et que dire de Louis XIV qui a fait de ce besoin des plus naturel un véritable rituel public puisqu’il recevait ses ministres et autres grands du royaume assis sur sa chaise percée ! Tout ce qui vient du roi est vénéré… Ce n’est pas le cas de tout le monde, loin s’en faut et les déjections intempestives finirent par poser des problèmes de santé publique d’où l’installation généralisée de toilettes dans les habitations et l’installation d’égouts et enfin, de toilettes publiques qui ne rencontrent pas un très vif engouement. Ce n’est que de nos jours que cette pièce revient sur le devant du cabinet grâce aux accros de la déco. Avec Dis-moi comment tu fais, c’est à un véritable tour du monde de nos habitudes (très) intimes que nous assistons ici et qui nous révèle parfois des conséquences fort inattendues.

    Alors vous êtes plutôt latrines ou sanisettes ? Partisans du lavage ou de l’essuyage au papier hygiénique ? Vous préférez les W.C. turcs ou à l’occidentale? Bref, dites-moi comment vous faites… et je vous dirai qui vous êtes!

    Daphné Troniseck
    Daphné Troniseck
    Journaliste du Suricate Magazine

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