Dirty God
de Sacha Polak
Drame
Avec Katherine Kelly, Luke White, Kerry Norton
Sorti le 10 juillet 2019
Avec Dirty God, la réalisatrice néerlandaise Sacha Polak nous donne à voir un film sur un sujet qui fait froid dans le dos : les attaques à l’acide. Ces projections d’acide sulfurique, un agent chimique en vente libre, ont pour effet de brûler les tissus et donc de défigurer les victimes. De telles attaques touchent chaque année de nombreuses personnes à travers le monde, et en particulier les femmes.
Pour traiter de ce sujet difficile, Polak choisit de suivre une jeune femme issue de la banlieue londonienne, Jade (Vicky Knight), à sa sortie de l’hôpital. Attaquée à l’acide par son ex petit ami, Jade retourne vivre chez sa mère où elle retrouve sa fille de deux ans. Avec le visage, le torse et les bras marqués par de larges cicatrices, difficile de reprendre une vie « normale », surtout dans un milieu où l’apparence et l’ultra-féminité sont essentielles pour les femmes.
La mère de Jade (Katherine Kelly) et sa meilleure amie (Rebecca Stone) sont toutes les deux de vraies bimbos et, malgré leur soutien, Jade se sent incomprise et isolée. La difficulté d’avoir des relations, amoureuses ou sexuelles, est une source de souffrance, de même que les railleries, cruelles et gratuites, des passants et des collègues.
Malgré une approche très réaliste et un sujet plutôt anxiogène, Dirty God n’est pas un film sombre et déprimant. Grâce notamment à une bande son énergique (la musique des clubs londoniens fréquentés par Jade et ses amis) et à la force de caractère du personnage principal, le malaise laisse régulièrement place à l’espoir, à la tendresse et à l’humour. La scène lors de laquelle Jade s’initie au port du voile intégral via un tutoriel YouTube en est un bon exemple. L’entrée en matière est également très réussie, avec plusieurs gros plans sur la peau « brûlée » de Jade pendant le générique d’intro, sur la chanson Human de Sevdaliza (2018).
Tout en suivant une véritable trame narrative qui mène Jade du choc du retour chez elle à l’acceptation de soi, le film parvient à aborder de nombreux autres sujets qui évitent au spectateur de se sentir enfermé dans sa compassion vis-à-vis de Jade : les relations hommes-femmes, la maternité, les inégalités sociales, les arnaques des cliniques de chirurgie esthétique sur internet, le harcèlement en ligne et au travail… Dirty God soulève de nombreuses questions intéressantes sans imposer aucune réponse.
Seul aspect du film moins réussi : les deux ou trois scènes oniriques faisant apparaître l’ex petit ami de Jane sous la forme d’une hirondelle noire. Une symbolique un peu lourde qui n’apporte pas vraiment grand-chose au niveau de l’intensité émotionnelle.