Titre : Dimanche et autres essais
Auteur : Olivier Smolders
Edition : Yellow Now
Collection : Coté film
Date de parution : 15 janvier 2025
Genre du livre : Cinéma
Ce petit livre au format rectangulaire d’Olivier Smolders retrace la vie d’Edmond Bernhard, dans ses très grandes lignes. Smolders a été l’élève de Bernhard à l’INSAS (école supérieure des arts du spectacle et des techniques de diffusion et de communication de FWB). C’est en souhaitant sortir son ancien professeur de l’oubli dans lequel il se trouve que Smolders a souhaité revoir et analyser tous ses films, cinq court-métrages en tout, tout en explorant sa manière particulière de donner cours et de vivre sa vie.
Dimanche et autres essais est donc un livre d’hommage pour une personnalité excentrique, si le mot n’est pas trop galvaudé. Poète avant tout, il ne souhaitait concevoir des films qu’à sa façon, sans remettre de dossiers ou de story-boards pour recevoir des financements. Il n’a pas voulu concédé quoique ce soit aux producteurs, ce qui l’empêcha d’ailleurs de tourner des long-métrages ou davantage. Selon lui, le film se concevait au montage. Comment donc vendre un long-métrage qui ne se crée qu’après avoir été filmé ?
On ressent beaucoup d’estime de la part de Smolders pour Bernhard qui avait une manière particulière d’aborder la pédagogie, sans jamais exprimer ses ressentis par rapport aux films de ses étudiant.e.s. Il s’exprimait aussi souvent, du moins par écrit, avec un vocabulaire qui lui était propre, composé de longues phrases fort compliquées, admettant volontiers la contradiction. Ses écrits pédagogiques sont ainsi à son image, difficile parfois de s’y agripper tellement ils sont ancrés dans un univers hors-réel que Bernhard s’est lui-même créé. En cela, Smolders le décrit comme l’opposé exact d’un autre professeur à l’INSAS, André Delvaux, représentant d’un certain classicisme pédagogique et cinématographique belge.
Edmond Bernhard aura composé cinq films, courts, de commande, qu’Olivier Smolders décrit et analyse dans son livre. Ce sont des films qui s’intéressent aux rites, aux institutions muséales mortes où des guides conduisent des moutons (des gens) pour admirer des œuvres immobiles. Des points de comparaison communs circulent, selon la politique des auteurs, Smolders détecte une œuvre bien ficelée, des fils rouges, composée de films rêvés également.
Dimanche et autres essais est un livre pour amateur de cinéma ou étudiant de l’INSAS. Si la partie s’intéressant à l’homme pourrait attirer un public plus important, celle qui s’intéresse à l’analyse des films est rebutante pour toutes les personnes qui se contrefoutent d’analyser en profondeur du cinéma. Et même là, il faut avoir envie de se laisser plonger dans les mots et les phrases d’un auteur cherchant à analyser un artiste qui cultive une certaine posture auteuristique et d’avant-garde.
Le livre se fait plus émouvant quand il cherche l’homme derrière l’artiste ou ses œuvres. Voir Smolders chercher à combler certains trous, savoir qu’il a contacté des « anciens et anciennes » de l’INSAS pour écrire, c’est un beau cadeau posthume pour cet homme, Edmond Bernhard, qui a été son mentor et celui qui était chargé d’être son directeur de travail de fin d’étude. D’ailleurs, c’est aussi ce qui m’a décidé à lire ce livre de mon ancien professeur, Olivier Smolders, qui m’avait donné un cours de cinéma et fait découvrir de très belles œuvres, dont celles d’Alain Cavalier, et dont je me rappelle qu’il cultivait lui-même une certaine aura d’artiste créateur de son propre univers et chemin de vie.