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    « D’images et d’eau fraîche », la collectionnite comme remède au monde

    Titre : D’images et d’eau fraîche
    Autrice : Mona Chollet
    Editions : Flammarion
    Date de parution : 19 octobre 2022
    Genre : Essai

    Dans son nouvel essai, Mona Chollet parle d’images, celles qu’elle collectionne sur les réseaux sociaux comme Pinterest, Flickr ou Tumblr. Elle s’interroge : d’où provient cette obsession du Beau, cette recherche constante de nouvelles pièces à déposer dans ces albums numériques ? En partant d’une passion toute personnelle, elle nous parle de notre rapport contemporain aux images, et de sa curiosité décomplexée pour ces tableaux virtuels parfois honnis.

    L’autrice part d’un postulat initial fort, et à l’encontre de la vision dominante de voir le monde d’aujourd’hui : en-effet, il ne faudrait surtout pas prendre de plaisir ni s’abreuver aux images créées par le Grand Capital dans le but de nous abrutir. Au contraire, Mona Chollet assume. Elle passe une part substantielle de son temps à la quête du beau, pixellisé ou en version papier, à exposer à l’intérieur des murs de son appartement ou de ses espaces numériques.

    Pour y trouver du sens, et des appuis théoriques, elle s’aide d’auteurs et d’autrices qui ont réfléchi au statut de l’image, et à l’origine de notre intérêt insensé pour ces surfaces plates qui ouvrent des mondes  : Roland Barthes (et son formidable « Chambre claire. Note sur la photographie »), Walter Benjamin, Nicolas Bouvier, Susan Sontag, etc. En passant, elle revient sur le fait que la plupart des œuvres qui l’entourent, ou des discours qui les environnent, ont été développés par des hommes.

    Si « D’images et d’eau fraiche » s’articule plus sur sa passion de la collection, qu’elle partage avec beaucoup d’internautes, Mona Chollet y parle évidemment des femmes. Elle revient aussi, faisant suite à « Beauté fatale. Les nouveaux visages d’une aliénation féminine », sur ce que la photo représente pour une femme (occidentale), autant celle qu’elle s’accapare que l’autoportrait, qu’elle façonne pour elle-même et/ou pour les autres. L’autrice explique comment les images l’ont aidée dans sa vie personnelle et dans son travail. Face à un monde inquiet, l’abri qu’elles procurent est un refuge.

    Ce sont tous les paradoxes qui entourent nos obsessions pour le dessin, la peinture, le Beau que l’on voit se déployer ainsi sous la belle plume de Mona Chollet, connue pour ses essais féministes. Si de prime abord, « notre vision de gauche » obscurcit nos pensées et interroge l’intérêt d’écrire sur la collection, l’ambition de l’ouvrage vient très vite taire ces vieilles idées. Et voilà qu’on dévore cet essai, tant le contenu que la forme, les images en mosaïque que la beauté graphique de l’ouvrage en entier. On en vient à penser, rêver, réorganiser nos images mentales et physiques qui composent notre monde à nous.

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