De Rémi De Vos. Mise en scène de Magali Pinglaut. Avec Thierry Hellin et Vincent Minne. Du 7 mars au 25 mars 2023 au Théâtre de Poche.
Deux flics : Dominique et Gilles. Good cop, bad cop comme on aime à se les représenter. Un beau matin, Dominique annonce dans le vestiaire qu’hier soir il n’a pas arrêté de penser à buter sa femme. Aucune raison de s’inquiéter pour Gilles. Quand on veut réellement tuer sa femme, on ne le dit pas… n’est-ce pas ?
Dans cette commande faite par le Poche au metteur en scène Remi de Vos, Thierry Hellin et Vincent Minne interprètent très justement deux policiers, prisonniers de leur geôle personnelle : la colère et le déni. Chacun à leur manière, au fil de la pièce, ils refuseront de voir les évidences préférant la chimère et le fantasme. Démissionnaires et lâches, nos policiers évoluent dans un monde où la violence est un dégât collatéral et/ou un moyen de résoudre un problème.
Violences faites aux femmes
A travers le récit d’un homme possessif, violent, préférant envisager d’enlever la vie à sa compagne plutôt que d’accepter qu’elle puisse s’en aller, la thématique de la pièce aborde les pulsions qui mènent au féminicide mais surtout aussi le tabou qui l’entoure. « S’il dit qu’il veut tuer sa femme, c’est pour rigoler. Quand le type arrive le matin au boulot et dit qu’il va tuer sa femme, c’est pour rire. Le type qui veut vraiment tuer sa femme, lui, ne dit rien. » Une façon détournée de mettre l’accent sur le tort qu’il n’y a à sous-estimer les idées de violence envers autrui. Posant un point d’interrogation sur la notion de coresponsabilité que nous possédons tous dans la dénonciation et la lutte contre les violences faites aux femmes.
Racisme et radicalisations policières
A travers Dominique, ce sont tous les stéréotypes des dérives policières qui nous a été déposées. Flic sans foi ni loi, tabassant une personne de couleur parce qu’il pense que son épouse le trompe avec un noir. Refusant d’assumer sa responsabilité et prétextant que la violence qu’il décharge dans son travail lui permet de ne pas faire de conneries à la maison. Nous entrons en plein dans les mécanismes de manipulation et de victimisation. De son côté Gilles, mec sympa mais plutôt limité intellectuellement, ne fait que construire des échappatoires afin de ne voir la réalité qui se passe sous ses yeux.
Deux flics au vestiaire se joue au théâtre de Poche jusqu’au 25 mars. Le pari risqué pris dans l’écriture de cette pièce a été de vouloir faire rire le public sur un sujet qui continue à faire de plus en plus de victimes chaque année. De quoi vous donner l’opportunité expérimenter la maxime de Desproges : « On peut rire de tout mais pas avec n’importe qui ».