Lorsqu’ils rentrent tous deux dans la pièce, c’est avec cette même énergie, à la fois solaire et espiègle. Charlie Dupont et Tania Garbarski viennent aujourd’hui parler de leur dernier film, Deux au carré, avec une allégresse communicative.
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Charlie, l’idée originale du film est la vôtre, comment vous est-elle apparue ?
Charlie Dupont : L’envie de base était de faire un film où Tania et moi pourrions jouer ensemble. C’était le moteur principal. M’est venue après cette idée d’une rencontre entre deux couples à l’opposé, qui au départ devaient être Français d’un côté et Belge de l’autre. Mais depuis, c’est une situation qu’on a retrouvé dans plusieurs films, l’idée originale s’est alors articulée autour d’autres différences. Mais la façon dont existe ce film aujourd’hui, c’est grâce à Fanny Desmares, qui a écrit le scénario et à qui revient l’entièreté du crédit.
Tania Garbarski : Fanny est une amie depuis de nombreuses années. Elle nous connaît sur le bout des doigts et savait à l’avance ce qui nous plairait de jouer, ce qui nous ferait rire… Ce qui fait que nous avions dès le départ une confiance aveugle dans le travail qu’elle a accompli.
Est-ce que vous pensiez déjà aux acteurs (Olivier Sitruk et Elodie Frenck) qui sont au casting lorsque Deux au carré était en phase d’écriture ?
Charlie : Pas du tout ! Au départ, on voulait que l’autre couple à l’écran le soit aussi dans la vie, comme nous… Mais vous seriez étonnés de voir comme ça peut être rare dans ce métier !
Enfin, ce concept est vite devenu anecdotique, et comme tout est allé très vite une fois le projet lancé, on a marché à l’évidence, au coup de cœur.
Tania : Je connais Olivier depuis 20 ans, c’est un très bon ami, avec qui j’ai fait mes débuts à l’écran dans « La veuve de l’architecte ». Ça faisait longtemps que l’on avait envie de retravailler ensemble, c’était limpide. Et en ce qui concerne Elodie Frenck, j’avais été soufflée par sa performance dans un téléfilm, et lorsque je l’ai croisée dans un festival quelques temps après, je l’ai abordée très simplement, on est devenue copines en dix minutes (rires). Elle s’est imposée pour nous comme la parfaite Annabelle !
Charlie : Sans oublier Arthur Jugnot ! Qu’on adore et que l’on connaît du théâtre. Il a vraiment bien participé à l’alchimie du groupe. On a pu recréer cet aspect « troupe de théâtre » sur le tournage. Et c’est exactement ce que l’on voulait.
Est-ce que ce fût plus difficile de rentrer dans votre personnage, de décrocher de la réalité pour aller vers la fiction, lorsque votre partenaire à l’écran l’est aussi à la vie ?
Tania : Justement l’inverse ! Déjà, nous avons l’habitude de jouer ensemble au théâtre… Mais là, d’avoir le confort de pouvoir improviser, recommencer… Tout en étant contre le temps, car le tournage n’a duré que trois semaines ! Il fallait être très efficace, mais nous on aime bien ce côté sans filet. Et comme il règne entre nous une confiance absolue, ça ne fait que renforcer la complicité.
Charlie : Et puis ce qui est intéressant, c’est que dans notre manière d’aborder le jeu, on est parfaitement à l’inverse ! Tania est une grande technicienne, une compositrice de symphonie… Elle est d’une grande précision. Tandis que moi, je suis comme un enfant, je m’ennuie au bout de deux prises, j’y vais beaucoup à l’instinct. Étonnamment, la rencontre de ces deux mondes se passe très bien dans le travail, ça donne une belle énergie.
Tania : On peut dire que tu m’admires énormément ? (rires)
Charlie : Je suis fou d’admiration !
Charlie, y a-t-il certaines choses qui vous rapprochent de votre personnage, même si il semble vous être diamétralement opposé ?
Charlie : Bien sûr. Justement le côté enfantin qui, chez moi, est rattrapé par un côté très nihiliste et pessimiste, tandis que William parvient à rester dans une naïveté poétique, dans son petit monde.
Mais attention, ce n’est pas un crétin, il est simplement lunaire. Je voulais vraiment que l’on saisisse la nuance, qu’on ne le prenne pas juste pour l’idiot du village pataud.
Elise est extrêmement attachante, malgré un défaut (que nous laisserons découvrir aux spectateurs) que la morale réprouve particulièrement… Qu’avez vous éprouvé à jouer ce personnage ?
Tania : J’aime énormément ce personnage. Elle est pleine d’énergie, de paradoxes. Elise, c’est une femme composée à 90% d’amour, avec ce que ça peut avoir d’ambivalent oui, mais c’est très agréable d’incarner quelqu’un de si entier. Émotionnellement c’est riche, et très amusant aussi !
Comment s’est passée votre rencontre avec le réalisateur ?
Charlie : J’avais déjà tourné avec Philippe Dajoux sur un téléfilm lors duquel on s’était bien amusé. Il me recontacte un jour en me disant qu’il aimerait qu’on travail ensemble, qu’il est certain que j’ai un scénario prêt quelque part… Ce qui était le cas de Deux au carré, qui était dans le fond de nos tiroirs depuis maintenant quelques années. Après ça, tout est allé extrêmement vite. Il avait une équipe, des producteurs… On a du foncer. Et c’était une chance que ce soit aussi intense ! La scène de rencontre dans le train a vraiment été tournée durant les quatre heures qui nous ont fait arriver de Paris à Cannes.
Tania : Et sur place, on était logé dans l’hôtel où on a tourné l’essentiel du film. Autant vous dire que nous n’avons jamais vraiment quitté nos personnages !
Deux au carré, c’est le film qui fait reprendre espoir aux projets qui ne voient jamais le jour, ceux qui traînent pendant des années et qui ne se réalisent pas… Là, je pense qu’on en a repris pour dix ans de motivation !
Propos recueillis par Cécile Marx