De et par Dena Vahdani. Du 14 septembre au 13 octobre 2023 au Théâtre de la Toison d’Or (TTO) à Bruxelles.
Pour ouvrir la saison 2023-2024, le TTO a choisi de reprogrammer un grand succès de 2022 : le seule-en-scène Dena Princesse guerrière. Dena, c’est une belgo-iranienne de 31 ans qui a des comptes à rendre… et qui n’a pas sa langue dans sa poche ! Un spectacle plein de peps qui égratigne les mollahs iraniens comme les bobos flamands.
Grandir dans une famille de réfugiés
Si Dena est née en Belgique, c’est parce que ses deux parents ont fui l’Iran après la Révolution de 1979 et l’avènement de la République islamique. Comme tous les enfants de réfugiés, Dena grandit avec une certaine paranoïa : chaque courrier, chaque contact avec les autorités fait craindre un possible renvoi dans le pays d’origine. Désireuse que sa fille ait toutes les chances de réussir sa vie dans son pays d’accueil, la mère de Dena, qui a fraîchement appris le français, l’inscrit dans une école néerlandophone. C’est ainsi que Dena grandit entre deux – voire trois – cultures, servant d’interprète à ses parents.
Si les premières minutes du spectacle font craindre une succession de clichés sur les « bizarreries » des Belges – et des Flamands en particulier, les réserves du spectateur tombent vite devant le naturel de la comédienne et sa bonne dose d’autodérision. C’est que Dena a des comptes à rendre. Ses petits coups de griffe envers les préjugés de ses camarades d’école et de ses collègues ont jubilatoires, notamment grâce à ses mimiques et sa gestuelle inimitables.
Un hommage à la mère et une ode à la liberté
Au-delà des sketches sur les différences culturelles, le spectacle Dena Princesse guerrière est avant tout un hommage de Dena à sa mère. Lesbienne et anti-conformiste, Dena tire son énergie et sa force de caractère de sa relation unique avec sa mère. Une femme qui n’a pas eu le droit de faire d’études mais dont la soif de liberté et le courage lui ont permis d’offrir à sa fille les meilleures opportunités de réussite. On pense à Ben Hamidou et au très beau spectacle Sainte-Fatima de Molem. Les parallèles avec l’humoriste belgo-algérien ne manquent pas : regard de primo-arrivant sur la belgitude, enfance choyée au sein d’une communauté immigrée pourtant stigmatisée, divorce des parents…
Dans le cas de Dena, l’ode à la liberté résonne de manière d’autant plus forte qu’elle fait écho aux cris des manifestants qui continuent de risquer leur vie chaque jour en scandant « Femme, Vie, Liberté ! » dans les rues de Téhéran et des autres grandes villes d’Iran.