Avant de commencer la chronique du festival, nous nous devons hélas de relater le drame qui s’est déroulé lors de la prestation du Stéphane Kerecki quartet.
En effet, victime d’une attaque cardiaque sur scène, le pianiste anglais John Taylor est malheureusement décédé le samedi 18 juillet à l’hôpital d’Angers.
John Taylor était un véritable passionné, pianiste de talent sa route avait croisé celles de grands noms du jazz comme John Surman, Lee Konitz, Gil Evans et bien d’autres. La rédaction du Suricate présente à sa famille et ses proches ses plus sincères condoléances.
Du 15 au 19 juillet, Segré se transforme en cité vouée et dévouée au jazz, et ce depuis 2009. Cette charmante bourgade est située dans le pays de l’Anjou bleu où fleurissent manoirs et châteaux à proximité des vins de Loire.
Le festival débute le mercredi 17 juillet:
Philippe Léogé assure la première partie en réinterprétant en piano solo les standards de la chanson française.
Ayo était invitée à clôturer cette première soirée : une voix teintée de soul, un répertoire qui surfe avec la musique du monde et le folk mais aussi quelques accents de reggae. Son charme, sa douceur et sa générosité transportent le public tout acquis à sa cause.
Le festival est lancé de la plus belle des façons.
Jeudi 16 juillet : Magic Mister Marcus
Quand les musiciens descendent de scène, s’étreignent, se tapent dans les mains et disent « Magic ! », ce n’est pas seulement pour célébrer la nuit étoilée, c’est juste que sur scène, ce soir-là, un esprit malin a jeté sur le public et les musiciens la poudre de la communion; duos-duels de cordes de cuivres et de percussions, le tout cousu dans un set de dentelles, le public de Segré, debout, vit un rare moment de grâce.
Nous pensons notamment à cette magistrale interprétation de Gorré où il troque sa basse légendaire pour une clarinette basse; l’émotion a également fait place à l’énergie. Mino Cinelu, (qui a joué en compagnie de Marcus dans la formation de Miles Davis dans les années 80), déchaîné, nous a concocté un solo de triangles absolument inédit et délirant.
Marcus Miller a partagé de la meilleure des façons son dernier et excellent album Afrodeezia.
Un concert au rythme des percussions Africaines. Marcus à la recherche de ses propres racines.
Il a pu nous faire partager ses émotions tout au long du set dans un français remarquable!
Il faut souligner que Marcus, après deux heures d’un intense concert ,a pris le temps de dédicacer ses cd et de rencontrer ses fans, le tout dans une atmosphère conviviale.
Chapeau bas Mister Miller et merci pour votre générosité.
Samedi 18 juillet… Journée « électrique »
La soirée débute de façon toute électrique avec Nicolas Folmer ( par ailleurs, directeur artistique du festival) et son quintet qui présentait son nouveau projet Horny Tonky.
Du funk, de la soul et un groove d’enfer Nicolas Folmer exprime là toute sa personnalité dans une maturité affirmée.
Retenons la rythmique explosive du batteur Damien Schmitt qui a imprimé un tempo d’enfer à ce set.
En clôture, la tête d’affiche, dans la lignée de BB King et de Buddy Guy, le porte-drapeau du Chicago blues, Lucky Peterson faisait son entrée sur scène couvert de son célèbre chapeau et revêtu d’un large tee shirt d’un jaune pétant orné d’un volatil sorti tout droit d’un cartoon.
Le ton était donné et le public tout acquis à sa cause prêt à sauter sur les chaises. Set où on l’a plus souvent trouvé derrière son orgue Hammond qu’au-devant de la scène avec sa guitare traditionnel. Show à l’américaine ayant largement dépassé la période de rodage, où il a alterné ballades et rythmes endiablés soulevant l’hystérie du public jusqu’au point d’orgue du paroxysme de 30 minutes de bain de foule.
Le concert s’est terminé dans un duo avec Nicolas Folmer qu’il a malicieusement poussé dans ses retranchements.
Belle joute qui a conclu en feu d’artifice une prestation de haute tenue mais qui nous a paru un peu écourtée.
Journée de clôture de la 6ème édition des Saveurs Jazz:
En 1ère partie, un groupe Tourangeau dont les improvisations furieuses mêlent allégrement funk gras rock et jazz gras avec en guest Julien Stella, sa clarinette et sa beat box.
Et pour conclure l’orchestre texan Snarky Puppy où dont la musique mêle allègrement funk et jazz au point de mettre en transe les, spectateurs les plus assis et rassis. Ils ont rendu un vibrant hommage au pianiste John Taylor tragiquement décédé des suites de son accident cardiaque à la fin de son concert jeudi soir. L’extraordinaire claviériste Bill Laurance lançait le rappel sur une étrange berceuse qui invitait le public dans une profonde rêverie
Les organisateurs de Saveurs Jazz avaient mis les petits plats dans les grands avec une programmation digne des plus prestigieux festivals de Jazz .
Vous savez ce qu’il vous reste à faire pour la septième édition. De plus, la région regorge de sites remarquables comme les châteaux de la Loire pas très éloignés ou les côtes bretonnes.
Texte : Bernard RIE et Alain LEROY.
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