auteur : Bernard Fontaine
éditions : Eyrolles
date de sortie : octobre 2014
genre : Art, culture
Longtemps considéré comme du vandalisme, le graff est depuis peu reconnu comme une pratique prestigieuse. Pourchassés depuis les années 70 par les autorités qui ont tenté d’endiguer le phénomène, les bombeurs n’ont jamais cessé d’exercer leur talent, formant aujourd’hui un groupe de plusieurs milliers de tagueurs et graffiteurs.
Dans, Découvrir et comprendre le graffiti, son nouvel ouvrage paru aux éditions Eyrolles, Bernard Fontaine nous offre sa deuxième synthèse chronologique sur le « gribouillage », après Graffiti, une histoire en images. Grâce à une mise page didactique et colorée, accompagnée d’illustrations significatives et de textes documentés aisément intelligibles, ce diplômé de l’Ecole nationale des Beaux-Arts retrace l’évolution de cet usage fugitif depuis la préhistoire jusqu’à l’époque contemporaine.
Tout commence au 18e siècle lorsque des archéologues mettent au jour la ville antique de Pompéi. Ils découvrent sur ses murs d’innombrables inscriptions, parlant d’amour, de sexe, ou immortalisant des insultes et traces de passage. Elles sont appelées « graffiti ». Reprise à la fin du siècle suivant par les hobos, ces vagabonds américains qui gribouillent des pictogrammes à la craie pour éviter la répression policière et informer leurs semblables sur l’hospitalité des locaux, cette technique murale ne cessera jamais de se propager.
Sautant dans le temps, Bernard Fontaine nous emmène ensuite à la Belle Epoque, en pleine Russie bolchévique où le bombage est utilisé à des fins de propagande, mais aussi dans l’armée américaine de la Seconde Guerre mondiale qui peint des « Killroy was here » pour marquer son territoire. S’ensuit une escale à Philadelphie, au cours des sixties. C’est là qu’apparaît le tag, procédé qui consiste à mettre en scène un nom ou pseudonyme dans la rue.
Parmi les exemples les plus emblématiques de la fin du 20e siècle, ce professeur d’arts plastiques attire notre attention sur les « murals » d’Irlande du Nord (témoignant du conflit entre les loyalistes et les républicains), les peintures de l’apartheid et du Mur de Berlin (entre autres de Keith Haring). L’ensemble se termine par quelques artistes actuels, dont Banksy, graffiteur masqué célèbre pour ses pochoirs provocateurs sur le mur de séparation entre Israël et la Palestine.
Une synthèse bien écrite, subtilement illustrée et accessible à tous.