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    Tout, tout de suite : l’affaire Ilan Halimi

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    Tout, tout de suite

    de Richard Berry

    Drame, Policier

    Avec Richard Berry, Steve Achiepo, Marc Ruchmann

    Sorti le 18 mai 2016

    cinema 14

    Deux ans après 24 Jours d’Alexandre Arcady, Richard Berry co-écrit et réalise Tout, tout de suite, une adaptation du « roman de faits » éponyme de Morgan Sportès. Son film retrace le fait divers tragique et accablant qui a secoué la France en 2006 : l’affaire Ilan Halimi.

    Ce jeune homme a été kidnappé, séquestré pendant 24 jours, torturé et laissé à l’agonie le long d’une voie ferrée, sous prétexte qu’il était juif et supposé riche. Un acte crapuleux et antisémite prémédité par le « gang des barbares », dont Youssouf Fofana, un jeune délinquant sans foi ni loi, était le « cerveau » auto-proclamé.

    Tout, tout de suite s’ouvre sur une séquence à la cadence effrénée : une série de flash-back en noir et blanc, des flics défonçant des portes d’appartement pour arrêter les coupables présumés du « gang des barbares ». La construction du film repose sur une alternance entre le temps de l’action, son déroulé chronologique, et une série de témoignages des accusés sous forme de dépositions au commissariat.

    Que l’horreur soit montrée par les actes de violence des ravisseurs ou bien par leurs descriptions — vaines tentatives d’explications d’un acte incompréhensible — le film ne laisse aucun répit au spectateur, aucun souffle, aucune respiration.

    À l’instar de cette entrée en force, Richard Berry manque cruellement de finesse dans son traitement de l’image. Pourquoi passer en noir et blanc les flash-back et temps de paroles au commissariat ?  Est-ce que ce dispositif renforcerait la lisibilité du statut de ces images, pourtant pas si complexes à saisir ? Est-ce que le noir et blanc aurait (encore) un pouvoir objectivant de la réalité ?

    Ce mélange de rigueur sur le compte-rendu des faits (haut degré de précision, dialogues inspirés par les procès-verbaux) et de subjectivité dans le portrait sociologique et politique de cette jeunesse questionne ce rapport que la fiction entretient avec le document, le factuel, le vraisemblable. Comment un film qui se veut être le plus proche de la réalité peut-il perdre autant en crédibilité, malgré le jeu, plutôt juste, des comédiens ? Peut-être parce que la mise en scène des faits est tellement extra-ordinaire dans la réalité qu’elle devrait obligatoirement être transcendée pour en devenir une fiction.

    Finalement, ce qui aurait pu être une critique sensible et personnelle d’une société malade, reste engluée dans une reconstitution obstinée d’un événement fascinant par son tragique.

    Paul Muller
    Paul Muller
    Journaliste du Suricate Magazine

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