auteur : Mary Chamberlain
édition : Préludes
sortie : avril 2016
genre : roman
Ada Vaughan, 15 ans, est une jeune fille naïve qui n’a qu’un seul but dans la vie : devenir créatrice de mode et posséder sa propre boutique à l’exemple de Coco Chanel, une de ses idoles. Ada possède un véritable don pour le stylisme : elle comprend le langage secret des tissus et est capable d’inventer des formes nouvelles qui promettent de lui offrir le succès. Nous sommes en 1939, la guerre menace d’éclater d’un jour à l’autre mais Ada n’y croit pas. Elle décide donc, en falsifiant l’écriture de son père pour obtenir son passeport et sans en avertir ses parents, de passer quelques jours à Paris avec Stanislaus, beau jeune homme dont elle est tombée éperdument amoureuse. C’est durant son voyage que la Seconde Guerre mondiale éclate rendant leur retour à Londres impossible. Obligés de fuir en Belgique, Stanislaus disparait sans laisser de traces à Namur, abandonnant Ada au milieu d’une ville inconnue en plein bombardements.
Ada trouve refuge dans un couvent et est obligée de prendre les habits de nonne qu’elle ne quittera plus durant toute la guerre. Ses talents de couturière la conduisent à devenir l’esclave de la femme du commandant de Dachau. Durant 5 ans, elle sera enfermée seule dans une pièce insalubre devant coudre nuit et jour pour cette femme ignoble et ses amies qui n’ont aucun égard pour elle, la traitant encore moins bien qu’un animal. A la fin de la guerre Ada est libre mais a subi un terrible choc nerveux. Il lui faudra un certain temps pour se rétablir et accepter la triste réalité dans un Londres saccagé, rempli de débris et de suie, une ville méconnaissable qui essaie tant bien que mal de se relever tout comme ses habitants.
Reniée par ses parents, Ada est à nouveau seule. Elle travaille comme serveuse, vend son corps le week-end et des produits issu du marché noir, les restrictions étant toujours draconiennes. Ada est une battante mais fait malheureusement toujours les mauvais choix. Jusqu’au jour où elle retombe sur Stanislaus alias Stanley Lovekin. Elle le tuera après qu’il l’ait violée. S’en suivra un procès où Ada part déjà perdante.
Vous l’aurez compris, De pourpre et de soie n’est pas un roman joyeux. C’est même tout le contraire parce qu’il décrit de manière crue et avec une véracité étonnante les horreurs de la guerre et les tragédies et blessures qu’elle laisse dans son sillage. C’est cependant un livre qui tient en haleine de la première à la dernière page parce que l’espoir y est omniprésent. Le personnage d’Ada est si bien développé qu’on ne peut s’empêcher de prendre fait et cause pour elle, de vivre ce qu’elle vit, de vouloir à tout prix qu’elle s’en sorte. Et pourquoi ne s’en sortirait-elle pas, elle qui a toujours cru en sa chance ? Mais les ravages de la guerre avaient d’autres projets pour elle.
Mary Chamberlain possède une excellente plume. Si le personnage d’Ada et quelques autres protagonistes de l’histoire sont fictifs, l’auteur s’appuie néanmoins sur des faits véridiques, preuve qu’elle s’est abondamment documentée avant de se lancer dans une telle aventure. En effet, décrire la guerre et ses effets visibles est une chose mais arriver à se mettre dans la peau d’un personnage détruit psychologiquement par tant de souffrances en est une toute autre.
De pourpre et de soie est un très bon roman mais à éviter si l’on est déprimé.