Une pièce de Filippo Ferraresi avec Gabriele Portoghese, Elena Rivoltini, Jérémy Juan Willi. Du 23 février 2022 au 26 février 2022 au Théâtre National.
De Infinito Universo est une pièce pluridisciplinaire joignant cirque, lecture et théâtre basé sur le livre Homo Sapiens de Yuval Noah Harari, professeur et écrivain israélien.
À l’acte I le spectateur est immergé dans le décor, lequel est constitué de grand mur factice. Un homme à demi-nu pénètre cet espace claustrophobique. Il tâte les contours des murs, cherchant les limites de sa prison intérieur et extérieur. L’habit du professeur est ensuite revêtu, le protagoniste nous entraînant par un long soliloque dans les réflexions métaphysiques de Yuval Noah Harari qui se découperont en trois tableaux. Ce terme étant particulièrement pertinent, car l’aspect visuel semble être le point central de l’intention narrative.
Révolution scénique – personnage de l’astrophysicien -, révolution agricole – personnage du berger – et révolution artistique – personnage de la chanteuse lyrique – sont tour à tour abordées sous un angle métaphorique. Une esthétique qui tangue entre science-fiction et tradition théâtrale. Les arts de la rue sont d’ailleurs intégrés rappelant les coutumes médiévales du théâtre de rue, acrobatie et chants exaltés et quête de sens ponctuent la pièce. Les effets scéniques semblent d’ailleurs vouloir nous plonger dans un vertige engourdissant, qu’ils s’agissent des jets de lumière, de l’espace cubique ou de la chorégraphie des acteurs, qui tournent comme des lions en cage, le bouillonnement constant du cerveau humain est illustré. La quête vaine de spiritualité s’appuie sur une symbolique classique : soleil paternaliste et éclaireur, berger connecté à la nature et musicienne dont la voix fait le pont entre la terre et les cieux.
Le metteur en scène n’a pas lésiné sur les effets concernant la conception visuelle : éclairage éblouissant scindant l’espace en échiquier, costumes d’époque qui semblent plus parodiques que réels et musique dramatique ponctuent le script et semblent vouloir pointer du doigt notre condition tristement mortelle. Les efforts sont certes louables et le projet intéressant, mais un léger manque de subtilité se fait sentir sur le plateau.
Il s’agit donc d’un spectacle avec des qualités d’esthétique ambitieuses, mais des formules trop pompeuses, laissant peu de place au second degré : fond et forme s’épousent dans un ensemble peu digeste. L’Homo Sapiens nous est donc présenté sous un éclairage brouillon tempéré par l’aspect divertissant qu’offre les tableaux vivants.