auteur : Karine Henry
édition : Actes Sud
sortie : janvier 2017
genre : roman
Else est danseuse réputée, passionnée et habitée par la danse. Car c’est la danse qui lui a permis de survivre après la mort d’un être cher. Avec fougue elle lui consacre donc toute sa vie.
Depuis ce fameux accident, Else a perdu la mémoire des détails et sa tranquillité. Lorsqu’elle croise le chemin de la compagnie des Kachinas, elle retrouve un certain calme jusqu’à ce que cette impression d’être suivie revienne. Encore plus forte qu’avant. Encore plus violente, nuisant à son métier, à son art.
Si ce début d’histoire ressemble à celui d’un thriller, de très bonne facture d’ailleurs, cette histoire va au-delà de cela. La danse sorcière est un grand roman de la danse, pour reprendre les mots de la quatrième de couverture. L’écrivain ancre son histoire dans le réel par le truchement d’événements s’étant vraiment passés et en parsemant deci delà dans son texte des grands noms du monde de l’art de se mouvoir.
Car La danse sorcière ne parle pas uniquement de la danse mais du mouvement. De ce qu’il dit de nous et des autres, de la manière dont il nous ancre dans la réalité, donnant parfois accès aux strates supérieures de la spiritualité.
Ce roman demande d’être entièrement à lui pour pénétrer ses mots et pour s’attacher, douloureusement presque, à son héroïne. Tragique héroïne grecque qui à chaque mot, à chaque pas de danse se rapproche un peu plus de la Mort.
L’écriture de Karine Henry est aussi précise et poétique que les chorégraphies qu’elle nous décrit. Un rythme juste dans ses phrases et dans l’histoire qui se déroule avec difficulté, faisant écho à la recherche de vérité d’Else.
La danse sorcière a tout ce qui fait le plaisir d’une lecture réussie, une écriture racée, une histoire prenante et touchante, des personnages crédibles, une héroïne sublime dans sa chute et ce petit truc en plus, ce surplus d’émotion qui bouleverse et qui tient en haleine avant de laisser pantois lorsque le dénouement arrive.