La Ruche
de Christophe Hermans
Drame
Avec Ludivine Sagnier, Sophie Breyer, Mara Taquin
Sorti le 1er juin 2022
Dans un appartement à l’ambiance calfeutrée, telle une ruche, vivent quatre femmes, trois sœurs et une mère, aux personnalités aussi différentes que puissantes. Dans cette ruche plane une ombre oppressante, celle de la maladie maternelle, latente et jamais nommée : la bipolarité.
La caméra de Christophe Hermans suit le quotidien d’Alice et de ses trois filles, Marion, Claire et Louise. Chaque jour est rythmé par les humeurs changeantes d’Alice. Avec elle, impossible de savoir de quoi demain sera fait. Face à la bipolarité de leur mère, chacune va réagir différemment. Marion, en tant qu’aînée, tente de prendre ses responsabilités mais aspire à une jeunesse indépendante loin de cette routine angoissante. Claire, plus affirmée, n’hésite pas à confronter cette maladie invisible qui régit injustement leurs vies. Louise, plus jeune, est celle qui, par son insouciance, unit, rassemble. Tout au long du film, la bipolarité n’est jamais explicitement nommée. Elle se laisse deviner par une succession de scènes joyeuses et dramatiques, mais surtout par de nombreux silences. La maladie, qui empêche Alice d’être elle-même, guide le film, jusqu’à son paroxysme.
Pour son premier long-métrage, le cinéaste Christophe Hermans adapte avec justesse le roman La Ruche d’Arthur Loustalot, paru en 2013 aux éditions JC Lattès. L’œuvre originale, profondément féminine, est complexe parce qu’elle parle de ce qui est invisible et indicible : la maladie mentale et le dysfonctionnement maternel. Toutefois, Christophe Hermans parvient à traduire fidèlement l’ambiance angoissante du roman en images. Celle-ci s’illustre particulièrement à travers un décor clos et sombre. Dès les premières minutes du film, le spectateur découvre l’appartement tamisé au cœur de Liège dans lequel se déroulera ce huis-clos familial.
Malgré quelques imperfections et surtout quelques longueurs, la qualité globale du film, pour un premier long-métrage, impressionne. La matière est brute, d’une certaine pureté, tant dans le jeu d’actrices que dans les émotions qu’il suscite.
La Ruche est un film auquel le Covid n’a pas rendu justice. Passé inaperçu entre deux vagues, il mérite certainement davantage de regards.